L’ANNÉE 2012 avait pourtant bien fini. Après la signature d’une déclaration commune entre les Ordres vétérinaire et pharmacien, les champs d’intervention de chaque professionnel se voient alors clairement redéfinis. Oui, mais voilà, ces échanges de politesses et l’affichage des bonnes intentions ne parviennent pas à éviter l’installation d’une véritable crise entre les deux professions. 2013 débute ainsi avec une préoccupante et légitime question : « qui veut la mort de la pharmacie vétérinaire ? » Car depuis le début de l’année, les inspections (des enquêtes préliminaires) se multiplient chez les confrères spécialisés. Les moyens mis en œuvre sont de plus en plus importants et les mobiles des « visites » tournent toujours autour de la suspicion de délivrance vétérinaire sans prescription… Pour les pharmaciens vétérinaires, qui se sentent véritablement harcelés, la coupe est pleine. Mais surtout, ils soupçonnent clairement les inspecteurs vétérinaires de conflit d’intérêt. « Les vétérinaires fonctionnaires du ministère de l’Agriculture abusent de leurs pouvoirs en solidarité avec leurs confrères libéraux pour discréditer les pharmaciens vétérinaires », estime ainsi Jacky Maillet, président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO).
Une pétition publique.
Bien décidés à ne pas se laisser déposséder de leur compétence en santé animale, les pharmaciens vétérinaires lancent, en février 2013, une grande pétition publique à l’intention des propriétaires d’animaux, qui milite pour le rétablissement d’une concurrence équilibrée sur le prix du médicament vétérinaire, et invite les propriétaires à exiger une ordonnance au moment de la prescription pour préserver le choix du dispensateur. Au cœur du débat, le conflit d’intérêt généré par la double compétence du vétérinaire. L’idée du découplage entre prescription et délivrance a du mal à passer, mais elle fait son chemin. Dans le même temps, les inspections des pharmacies vétérinaires se poursuivent, et les responsables du secteur ne sont pas épargnés. Sur des motifs discutables, le président de l’ANPVO, Jacky Maillet, et le secrétaire de l’Union nationale pour la pharmacie vétérinaire d’officine (UNPVO), Philippe Augier, sont placés en garde à vue début avril. Au printemps, les syndicats d’officinaux finissent par s’émouvoir de la situation et sollicitent par un courrier commun, un rendez-vous auprès de la ministre de la Santé et du ministre de l’Agriculture.
Tempête autour de l’article 20.
Les discussions autour du projet de loi d’avenir de l’agriculture, et notamment son article 20 relatif à la maîtrise des consommations d’antibiotiques vétérinaires, cristallisent les passions. En octobre, le projet est diversement jugé par les potards. « Il y a dans ce texte, du bon et du mauvais », estime alors Jean-Marc Benaiche, de l’UNPVO. Le « bon », c’est le projet de découplage prescription-délivrance des antibiotiques dits « critiques » souhaité par le ministère de la Santé. Le « mauvais », c’est le projet de remise en cause des remises et marges commerciales des ayants droit, y compris pour les non-prescripteurs. Un projet qui revient à interdire la coopération commerciale entre pharmaciens et laboratoires. Personne n’est content. Les vétos menacent de faire grève, les pharmaciens de recours en annulation. Quoi qu’il en soit, ce sont les vétérinaires qui semblent remporter ce dernier bras de fer. À coup d’actions médiatiques et de lobbying, ils obtiennent début novembre le retrait du projet de découplage partiel. Depuis, les pharmaciens ne décolèrent pas, mais ils jurent qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot.
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