La magie de Noël, les décorations, les belles tables, tout est propice à faire de ce moment un instant chaleureux et convivial. Quelques jolies plantes viennent également égayer l’intérieur, mais il faut savoir où les placer car certaines peuvent s’avérer toxiques pour les chiens (ou pour les chats, mais ils sont souvent plus prudents que leurs congénères canins !). Faisons un peu le tour des plantes phares de Noël : poinsettia, gui, houx, rose de Noël, if et pommier d’amour.
Poinsettia (Étoile de Noël) : une intoxication rapide mais généralement peu grave
Le poinsettia (Euphorbia pulcherrima) fait partie des plantes contenant du latex. Cette substance est connue pour être particulièrement irritante en raison des composés qu’elle contient (par ex. triterpènes, euphorbones). Les animaux s’intoxiquent en mâchonnant la plante, par contact de la plante avec la peau et/ou les muqueuses ou en raison de la projection du latex dans les yeux. Même si le poinsettia n’entraîne généralement pas une intoxication grave, les symptômes peuvent être désagréables pour l’animal. Ils apparaissent dans les 2 heures qui suivent l’ingestion et peuvent persister jusqu’à 48 heures : signes digestifs (salivation, vomissements, diarrhée, météorisme chez le lapin), généraux (déshydratation chez le chat, anorexie, fièvre), nerveux (ataxie chez le chien, tremblements), cutanés (irritation, dermatite allergique), oculaires (larmoiement, conjonctivite). L’évolution est généralement favorable si l’animal est traité symptomatiquement et rapidement par le vétérinaire.
Gui : attention aux baies potentiellement mortelles et aux feuilles
La tradition voudrait que s’embrasser sous du gui le 31 décembre à minuit porte-chance… et, de ce fait, le gui s’invite à table ! Cette plante hémiparasite, de la famille des Loranthacées, présente une baie blanche, à la pulpe visqueuse. Les parties toxiques pour les chiens et les chats sont les baies, les jeunes plants et les feuilles ; elles renferment entre autres de la viscotoxine et de la viscumine (qui s’apparente à la ricine). Les chiens s’intoxiquent le plus souvent en consommant les baies tombant sur le sol. L’ingestion d’une grande quantité peut être mortelle. Les symptômes apparaissent quelques heures après l’ingestion et sont plutôt digestifs (vomissements, diarrhée, douleur abdominale). En cas d’ingestion massive, des symptômes cardiovasculaires (hypotension, arythmie pouvant évoluer vers l’arrêt cardiaque) ou nerveux (ataxie, convulsions, coma) peuvent se développer. Il n’y a pas d’antidote et le pronostic peut être défavorable en cas d’ingestion massive.
Houx : des baies très rapidement toxiques et potentiellement léthales
Le houx fait partie des plantes décoratives des couronnes de Noël et leurs baies, d’un beau rouge, attirent nos animaux de compagnie (et nos enfants aussi !). Les feuilles, également toxiques, sont bien moins souvent en cause en raison de leurs piquants et de leur goût assez amer. Les substances toxiques sont des alcaloïdes (ilicine, ilixanthine, théobromine…). La dose toxique n’est pas connue mais les signes peuvent apparaître dès le mâchonnement de 2 baies, le décès d’un chien de taille moyenne pouvant survenir lors d’ingestion d’une vingtaine de baies. Les signes cliniques apparaissent quelques heures après l’ingestion et sont surtout digestifs (vomissements, diarrhée importante pouvant entraîner une déshydratation, douleurs abdominales), mais des symptômes nerveux peuvent se développer lors d’ingestion importante (ataxie, convulsions, coma, mort).
If : une intoxication possiblement foudroyante et fatale
Également largement utilisé pour réaliser les couronnes de Noël, l’if est une plante dont toutes les parties sont toxiques sauf la pulpe de la baie qui entoure la graine (qui, elle, est très toxique). Ce détail explique pourquoi certains chiens gloutons qui avalent les baies sans les mâcher n’ont pas de symptômes.
La toxicité ne disparaît pas après la dessiccation (donc reste dans les couronnes de Noël). Les substances toxiques sont des alcaloïdes, des hétérosides cardiotoniques et des essences volatiles irritantes. Les symptômes peuvent être foudroyants (collapsus et mort en quelques minutes par blocage des courants sodium et calcium au niveau cardiaque, réduction de la contractilité du myocarde). Si la consommation est peu importante, les signes apparaissent dans les 3 heures qui suivent l’ingestion et sont d’ordre digestifs, nerveux (de mauvais pronostic avec une mort en général dans les 48 heures) et cardiorespiratoires. Le traitement est totalement illusoire car il n’y a pas d’antidote.
Rose de Noël ou Hellébore : un potentiel toxique modéré
C’est l’une des rares plantes à fleurir l’hiver ce qui en fait un must pour égayer les jardins. Toutefois toute la plante est toxique, contenant, comme l’if des hétérosides cardiotoniques. Cependant la toxicité, semble plus légère chez nos carnivores domestiques que celle induite par l’if. Les intoxications sont également moins fréquentes, ces plantes étant souvent plantées dehors dans le jardin. Il n’y a aucun traitement mis à part le traitement symptomatique.
Pommier d’amour : une intoxication de gravité variable qui affecte plus sévèrement les chats
Enfin le pommier d’amour est également une jolie plante ornementale venant égayer l’hiver avec ses baies allant du vert à l’orange. Les chiens comme les chats sont attirés par les baies qu’ils ingèrent. Cette plante est une solanacée qui contient, comme toutes les plantes de cette famille, des alcaloïdes, en particulier des glycoalcaloïdes stéroïdiques comme la solanine, présents en plus grande quantité dans les baies vertes. Les symptômes peuvent être plus ou moins graves en fonction de la quantité ingérée. Plusieurs formes ont été décrites : digestives (irritation buccale, hypersalivation, vomissements, diarrhée) ayant généralement un pronostic plus favorable ; cardiorespiratoire (bradycardie, tachycardie, dyspnée) ; nerveuses (faiblesse musculaire, convulsion, mydriase, coma). Les chats, plus sensibles que les chiens, peuvent développer une insuffisance rénale aiguë. Le traitement est uniquement symptomatique mais s’il est rapide, le pronostic est favorable.
Que faire s’il y a un doute concernant l’ingestion d’une de ces plantes ?
Bien veiller à placer ces plantes ornementales hors de portée des chiens, donc suffisamment en hauteur. C’est illusoire pour les chats, mais il peut être intéressant de disposer à côté des pots un peu d’essence d’agrume, de pin, ou d’eucalyptus dont l’odeur leur déplaît fortement…
Ramasser immédiatement toutes les baies qui tombent à terre pour éviter leur ingestion. En raison de l’absence d’antidote, retirer immédiatement les feuilles ou les baies ingérées encore dans la gueule de l’animal (sans se faire mordre !), ou laver largement à l’eau courante les muqueuses et la peau en contact avec le latex.
Si l’ingestion a eu lieu moins de 30 minutes auparavant, faire vomir l’animal sauf s’il présente des signes nerveux (risque de fausse déglutition). L’administration de charbon activé peut aussi être intéressante si l’ingestion a eu lieu récemment. Dans tous les cas, emmener rapidement l’animal chez le vétérinaire et lui apporter un échantillon de la plante mastiquée ou des baies pour leur identification rapide. Le traitement étant uniquement symptomatique, plus il sera réalisé tôt, meilleur sera le pronostic.
Pour passer de très bonnes fêtes de fin d’année, la surveillance des animaux domestiques (pour éviter leurs bêtises) reste la meilleure et la plus simple des préventions.
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Françoise Amouroux
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