INADMISSIBLE. C’est sous ce vocable empreint de colère que débute le message adressé par les pharmaciens vétérinaires aux responsables syndicaux et ordinaux officinaux. Un message comme un SOS. Il faut dire que l’exaspération des pharmaciens spécialisés est à son comble depuis que, lundi dernier, est tombé la nouvelle. Au terme d’un lobbying actif, les représentants de l’Ordre des vétérinaires, ainsi que ceux de leurs organisations syndicales, venaient d’être reçus par Marisol Touraine et Stéphane Le Foll, respectivement ministre de la Santé et ministre de l’Agriculture. Le résultat de l’entrevue tient en un communiqué conjoint qui annonce pudiquement que « les vétérinaires s’engagent avec le gouvernement dans la lutte contre l’antibiorésistance ».
En clair, les vétos ont obtenu que « la mesure de découplage initialement envisagée soit utilement remplacée par plusieurs dispositions qui seront introduites dans le projet de loi d’avenir pour l’agriculture ». Partie perdue par les pharmaciens. Et les ministres de préciser que le projet de loi sera une nouvelle fois remanié de façon à introduire d’une part un objectif chiffré de réduction de la consommation d’antibiotiques critiques, mais aussi en prévoyant « la mise en place de vétérinaires référents et un encadrement renforcé des prescriptions par des recommandations de bonne pratique, élaborées sous l’égide de l’ANSES ». Exit, donc, le projet de découplage partiel de la dernière mouture (voir notre article du 4 novembre 2013) du texte qui avait justifié la levée de bouclier et la mobilisation nationale des vétérinaires.
Une semaine pour convaincre.
« Les pouvoirs publics ne semblent pas avoir évalué le risque pris en choisissant, sous la pression intolérable d’un corporatisme égocentrique, une voie totalement contraire à celle de l’Union européenne », s’emporte Guy Barral. Pour le président de l’UNPVO*, « en même temps que les résolutions sécuritaires européennes, ce sont les associations de défense des usagers de la santé qui sont bafouées ».
« À notre tour de demander un rendez-vous immédiat avec la ministre de tutelle puisqu’elle en accorde à d’autres professionnels qui ne sont pas sous sa tutelle », propose de son côté, et avec une pointe d’ironie, Jean-Marc Bénaiche de l’UNPVO.
« Il est assez triste de constater que la toute première tentative de gouvernance - même modeste et très limitée à l’urgence des seuls antibiotiques critiques - du ministère de la Santé sur le médicament vétérinaire se trouve reléguée sous la pression de ceux qui exigent de se contrôler eux-mêmes au sein d’un ministère trop complaisant, fait remarquer le président de l’UNPVO. À l’opposé, l’Union européenne a une gouvernance de la santé sur tous les médicaments. »
La balle est à nouveau dans le camp des pharmaciens, qui espèrent que les leurs sauront, à l’image de la mobilisation de leurs adversaires, se manifester efficacement avant le conseil des ministres de mercredi prochain. Les officinaux ont une semaine pour convaincre.
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