La dangereuse compagnie des serpents

Quand ils arrivent en ville

Publié le 21/09/2009
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PETIT à petit, le reptile deviendrait-il le meilleur ami de l’homme ? Pas encore. En France, 1 % des foyers possèdent une tortue, un lézard ou un serpent, contre environ 25 % qui hébergent un chien ou un chat. Toutefois, nos concitoyens raffolent de plus en plus de ces nouveaux animaux de compagnie. Certains vont même jusqu’à adopter de mignonnes araignées ou de jolis scorpions. « Il y a beaucoup plus de serpents venimeux exotiques chez les particuliers que dans tous les vivariums que compte notre pays », s’alarme Pierre Quistinic, président de la banque de sérums antivenimeux d’Angers. Et lorsqu’une de ces bestioles échappe à la vigilance de son propriétaire et se retrouve dans la rue, c’est la panique sur les trottoirs. Dernièrement, en Italie, un gentil python albinos de seulement un mètre et demi a semé la terreur parmi des touristes sur les rives du lac de Garde. À Vienne, en Autriche, un homme a eu la mauvaise surprise de se retrouver nez à nez avec un boa d’un mètre trente sur son balcon. Inoffensif, ce serpent n’en n’est pas moins impressionnant. Mais tous ne sont pas sans danger. Et les envenimations par morsure sont en nette augmentation. Le centre antipoison de Marseille recense ainsi un cas toutes les deux à trois semaines, contre un par an il y a une vingtaine d’années. Le plus grave est que les antivenins disponibles sont loin de couvrir toutes les espèces présentes sur notre territoire. Car celles-ci franchissent souvent nos frontières sous le manteau. Plus embêtant encore, même si l’espèce est apparemment connue, le sérum n’est pas toujours efficace. Certains propriétaires s’amusent en effet à « fabriquer » des animaux hybrides, modifiant du même coup la composition de leur venin. Les morsures ne sont pas seulement douloureuses pour les victimes mais aussi pour les finances publiques. Le coût du sauvetage s’élève à plusieurs milliers d’euros, une dose d’antivenin avoisinant à elle seule les 1 000 euros.

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2687