Soins des yeux et des oreilles : proposer une trousse adaptée aux animaux de compagnie

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Publié le 21/09/2023
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Les oreilles et les yeux de nos animaux de compagnie sont souvent l’objet d’infections ou d’irritations. Certaines races, comme les chiens aux oreilles tombantes, sont prédisposées aux otites, alors que d’autres, dotées de plis cutanés sur la face (Shar Peï) ou d’un crâne aplati (races brachycéphales comme les persans) sont plutôt sujettes aux écoulements oculaires. Lorsque les otites ou les conjonctivites sont installées, elles sont souvent douloureuses et nécessitent des soins importants plusieurs fois par jour. L’idéal est donc d’essayer d’une part de les prévenir, et, d’autre part, d’habituer très tôt l’animal à se laisser manipuler ces régions pour que les soins, s’il y en a, soient plus faciles à exécuter.

Lorsque les otites sont installées, elles sont souvent douloureuses et nécessitent des soins importants plusieurs fois par jour.

Lorsque les otites sont installées, elles sont souvent douloureuses et nécessitent des soins importants plusieurs fois par jour.
Crédit photo : BURGER / PHANIE

À quelle fréquence faut-il nettoyer les oreilles ou les yeux ?

Cela dépend de la morphologie de l’animal. Concernant les soins auriculaires, les chiens aux oreilles dressées et dont le pavillon des oreilles est assez glabre, n’ont pas besoin de nettoyages très rapprochés : tous les 15 jours à tous les mois cela suffit amplement (ce qui n’empêche pas de regarder plus fréquemment l’état des oreilles lors des caresses par exemple). Pour les chiens qui ont des oreilles tombantes ou très poilues, donc peu aérées et sujettes aux infections, un nettoyage hebdomadaire est conseillé.

Il en est de même pour les soins oculaires. Les yeux de nos animaux de compagnie sont assez près du sol et comme ils reniflent les odeurs déposées au sol ou sur les plantes, leurs yeux sont souvent très proches des herbes (ou des épillets), des poussières, voire des gaz d’échappements. Tout cela peut être à l’origine d’irritations diverses. Si l’animal ne présente aucune croûte ni aucun écoulement oculaire, il n’est cependant pas nécessaire de nettoyer régulièrement les yeux, mais il est important de vérifier que tout va bien à chaque retour de promenade (au moment du câlin par exemple). Tout écoulement inhabituel, toute rougeur, toute sensation de douleur (yeux plissés, fermés…) doit faire obligatoirement l’objet d’une consultation vétérinaire AVANT de chercher à nettoyer les yeux.

Un chat ou un chien brachycéphale dont les yeux coulent régulièrement en raison de la morphologie aplatie de la face et des conduits lacrymaux souvent très courts et obstrués, peut nécessiter un nettoyage du coin de l’œil et de la base du nez 2 à 3 fois par semaine afin d’éviter la formation de traînées noirâtres et la présence de croûtes propices au développement bactérien. Le mieux est de demander au vétérinaire lors de la première consultation vaccinale quelle est la fréquence idéale pour ces soins en fonction de la race et de l’animal.

Quels produits proposer pour des soins auriculaires réguliers ?

Le but de ces soins auriculaires est de vérifier que le conduit auditif externe ne présente pas de lésions, n’est pas douloureux (otite, épillet), gonflé (othématome) ou rempli de sécrétions (otite ou gale auriculaire). Dans tous ces cas, une consultation vétérinaire immédiate s’impose avant d’introduire quoi que ce soit dans l’oreille. Ces soins doivent permettre également d’habituer l’animal dès son plus jeune âge à se faire examiner le pavillon et introduire un liquide nettoyant dans le conduit au cas où des soins seraient ultérieurement nécessaires.

Le produit nettoyant ne doit pas être irritant, ni froid, ni chaud et le rituel de nettoyage doit représenter un moment agréable sinon l’animal ne se laissera pas faire.

Le nettoyant auriculaire doit donc être adapté au chien ou au chat et respecter le pH de sa peau, qui est équivalent au pH de son conduit auditif. Pour le chien, le pH cutané est plutôt neutre (entre 7,4 et 8,5) donc très différent de celui de l’homme qui est plutôt acide (vers 4,8) ; quant au chat, il présente un pH cutané de 6,3, donc légèrement plus acide que celui du chien. De ce fait dans la trousse de nettoyage il est bon de proposer un nettoyant auriculaire adapté à chacune des espèces et respectant bien le pH.

La solution nettoyante ayant été introduite dans le conduit auditif, le massage de la base de l’oreille permet de décoller les impuretés pour les faire remonter (et de vérifier qu’il n’y a pas de douleur). Il faut laisser ensuite l’animal bien se secouer la tête puis récupérer les saletés qui sont remontées à l’aide d’une compresse tressée à usage unique ou d’une lingette de coton réutilisable (plus respectueuse de l’environnement). Certaines d’entre elles présentent une petite échancrure dans laquelle glisser le doigt ce qui facilite le nettoyage des sécrétions à l’entrée du conduit. Il existe aussi des doigtiers spécialement adaptés pour le nettoyage du conduit. Dans tous les cas, il faut changer la compresse/lingette entre chaque oreille et bannir les cotons-tiges qui peuvent perdre leur extrémité de coton dans le conduit ou les disques de coton qui peuvent laisser des fibres. Les compresses ou les lingettes n’ont pas besoin d’être imbibées de produit puisqu’un nettoyant auriculaire a déjà été introduit dans l’oreille.

Si le chien présente beaucoup de poils à l’entrée du conduit, l’épilation régulière est également intéressante. Ce geste est généralement facile à faire manuellement (pas besoin de pince à épiler), mais il vaut mieux demander une démonstration au vétérinaire ou au toiletteur la première fois afin de ne pas risquer de faire mal à l’animal.

Quels produits proposer pour les soins oculaires réguliers ?

Là encore il est important de proposer une solution de lavage oculaire spécifiquement adaptée aux animaux, dont le pH est proche de celui des larmes du chien ou du chat (donc neutre) ou d’utiliser du sérum physiologique en unidose. L’avantage des solutions vétérinaires destinées au lavage oculaire est qu’elles contiennent également des antiseptiques (contrairement à l’eau bouillie ou au sérum physiologique) et des substances apaisantes, qui apportent un confort à l’animal. Il est important de ne pas toucher la cornée avec l’embout de la solution nettoyante pour ne pas risquer de blessure et d’utiliser une lingette réutilisable ou une compresse à usage unique différente par œil pour ne transmettre de germes d’un œil à l’autre. Là encore les disques démaquillants de coton ne sont pas souhaitables car ils peuvent perdre des fibres devenant irritantes pour l’œil.

Lorsque l’écoulement des larmes est responsable de traces brunâtres ou rougeâtres sur la face, un nettoyant oculaire à base d’acide borique (ou des lingettes qui en sont imbibées) peut permettre d’atténuer cette coloration. Toutefois il est indispensable d’avoir consulté au préalable le vétérinaire pour qu’il examine l’œil et détermine la cause de cet écoulement oculaire excessif. Il ne faut pas passer cette étape en considérant que le nettoyage régulier suffira pour que tout rentre dans l’ordre.

En conclusion

Il peut être intéressant de proposer une petite trousse de soins yeux/oreilles pour le chien ou le chat comprenant une lotion de nettoyage auriculaire, une lotion de nettoyage oculaire, quelques unidoses de sérum physiologique pour les promenades et des lingettes en coton réutilisables ou des compresses à usage unique, en prenant bien soin de proposer des produits adaptés à l’espèce.

 

Dr Vet. Florence Almosni-Le Sueur

Source : Le Quotidien du Pharmacien