Associer les peines de cœur (sentimentales) aux maladies cardiaques (médicales), l’idée n’est pas neuve. Mais de récentes données sociales confèrent une dimension nouvelle à cette association. Selon l’INSEE (étude publiée en décembre 2015), les ruptures amoureuses auraient bondi de 63 % en 15 ans. Une évolution significative qui inquiète la Fédération française de cardiologie (FFC) car elle ne serait pas sans conséquence sur la morbimortalité cardiaque.
On le sait, chez les hommes, et plus encore chez les femmes, les séparations s’accompagnent très souvent d’un stress émotionnel aigu potentiellement nuisible à la santé cardiaque. Pour la FFC, la mise en garde est donc claire : « Les effets du stress émotionnel peuvent déclencher le syndrome du cœur brisé et provoquer des symptômes graves, proches de l’infarctus. »
Dans les années 1990, ce syndrome avait été baptisé « Tako-Tsubo ». L’alerte de la fédération est confortée par les travaux récents de chercheurs zurichois. Leurs conclusions, publiées le 3 septembre 2015 dans la revue « New England Journal of Medecine », montrent en effet que le taux de mortalité de la maladie de Tako-Tsubo (3,7 %) serait presque aussi élevé que celui des crises cardiaques dues à un infarctus du myocarde (5,3 %). Plus précisément, selon cette étude, les chocs émotionnels (perte d’un être cher, rupture amoureuse…) souvent associés à une fatigue intense (épuisement moral et physique) seraient des facteurs déclencheurs du Tako-Tsubo dans 27,7 % des cas.
Championnes malgré elles du syndrome des cœurs brisés, les femmes en sont les premières victimes car leurs artères, particulièrement sensibles aux effets du stress, se spasment plus facilement, expliquent les chercheurs. Et parmi elles, les femmes ménopausées, qui ne sont plus protégées par leurs sécrétions d’œstrogènes, y sont encore plus exposées.
S’il s’apparente à un infarctus sur le plan épidémiologique, le Tako-Tsubo s’en distingue pourtant par sa physiopathologie. Car ce syndrome n’est pas provoqué par une obstruction classique des artères coronaires, qui amènent le sang au cœur. En fait, une partie du cœur, sous l’effet d’une libération massive d’hormones du stress - les catécholamines -, ne se contracte quasiment pas. Il se ballonne et prend une forme d’amphore (Tako-Tsubo veut dire « piège à poulpe » en japonais).
Ce phénomène est alors potentiellement facteur de troubles du rythme ventriculaire qui peuvent causer jusqu’à la mort subite. Au total, rappelle la FFC, le Tako-Tsubo serait lié à une paralysie transitoire d’une grande partie du cœur due à l’action directe des hormones du stress sur les récepteurs du muscle cardiaque.
Et les cardiologues de prévenir : « Une femme de plus de 50 ans, ménopausée, en situation de rupture, ne doit surtout pas sous-estimer les premiers symptômes liés à un stress émotionnel aigu. Le syndrome de Tako-Tsubo nécessite un diagnostic rapide pour éviter des répercussions graves pour le cœur et permettre une prise en charge adaptée. L’appel du 15 est primordial comme dans l’infarctus du myocarde. »
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