LA FORME 1A de la maladie de Charcot-Marie-Tooth est la plus fréquente (50 %), caractérisée par une duplication sur le chromosome 17 du gène PMP22 impliqué dans des phénomènes de myélinisation. Cette maladie est une neuropathie périphérique, avec des troubles sensitifs et moteurs des extrémités, notamment des crampes, un trouble de la marche, des difficultés d’écriture, une instabilité posturale… Les chercheurs ont obtenu une amélioration substantielle de leurs fonctions motrices, de leur durée de vie et une remyélinisation du nerf sciatique. Des expériences complémentaires ont montré que l’effet de l’acide ascorbique s’exerce sur une inhibition du gène PMP22.
L’essai humain s’est déroulé de fin 2005 à fin 2008 ; 180 patients volontaires âgés de 18 à 70 ans ont participé à l’étude qui s’est déroulée sur trois sites : Marseille, Lyon et Paris. Les patients ont été répartis de manière aléatoire dans trois groupes, chacun prenant 3 gélules le matin pendant un an, qui assigné à 1 g d’acide ascorbique, qui à 3 g d’acide ascorbique et qui au placebo. Au cours des douze mois de l’étude, chaque patient s’est prêté à cinq évaluations pour suivre les effets du traitement. Le critère principal est l’évaluation d’une amélioration des symptômes (allégués par le patient) et les signes (constatés à l’examen) moteurs et sensitifs de la maladie. L’effet a été mesuré sur une échelle spécifique de cotation de cette maladie, l’échelle CMTNS (mise au point par l’équipe américaine de Shy et validée en 2005). La CMTNS permet la cotation des symptômes moteurs, sensitifs à travers le score CMT-ES, et des vitesses de conduction nerveuse (électromyogramme). Tout cela a été associé à un testing musculaire.
On sait que, en un an, le score des patients augmente en moyenne de 0,6 point (évolution progressive de la maladie, montré par Shy). Ce qui se confirme dans le groupe placebo.
Les effets de la vitamine C existent, mais ne sont pas significatifs. Il n’y a pas de différence significative de score entre les trois groupes (p = 0,14). En revanche, en considérant les courbes, une tendance apparaît. La courbe placebo montre une augmentation de 0,5 point, celle du traitement à raison d’1 g d’acide ascorbique une augmentation de 0,7 point, et sous 3 g une diminution de 0,4 point (la diminution du score correspond à une amélioration). La différence entre le placebo et 3 g quotidiens de vitamine C est donc perceptible. Et puis, si l’on regarde le sous-score de CMT-ES sans prendre en compte la vitesse de conduction nerveuse mais seulement les symptômes moteurs et sensitifs, la différence est significative, avec un p = 0,018. Il y a eu très peu de sorties d’étude, seulement 15 sur 179 patients effectivement inclus, notent les auteurs.
L’équipe du Dr Joëlle Micallef-Roll conclut donc à une tendance, suffisamment intéressante pour inciter à entreprendre un essai de plus longue durée. Un statut de l’acide ascorbique comme médicament orphelin dans la maladie de Charcot-Marie-Tooth a été accordé par l’EMEA. Une collaboration internationale devrait permettre de réaliser un essai sur deux ans.
C’est la première fois qu’un essai clinique d’une telle envergure est mené sur une maladie rare, soulignent les auteurs. Un très grand nombre d’informations a été collecté ; 1 063 consultations ont été réalisées. Le soutien de l’association de patients CMT-France a permis le recrutement de la cohorte importante pour une maladie rare des 180 patients.
Aix-Marseille-II, l’INSERM, les hospices civils de Lyon, l’AP-HP, Murigenetics et les associations de patients AFM
et CMT-France.
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