Quelques définitions
Les aphtes.
L’aphte buccal se manifeste par une ulcération douloureuse ronde ou ovalaire, à bords réguliers et entourée d’un liseré inflammatoire.
L’aphtose commune, celle qui donne lieu à un conseil à l’officine, comprend l’apparition d’un à trois aphtes en moyenne mesurant trois à quatre millimètres de diamètre et régressant spontanément en huit jours. Elle concerne 60 à 80 % des aphtoses. Parmi les différentes causes sont imputées le stress, certains aliments, la fatigue, des soins dentaires, une morsure… Les aphtes peuvent apparaître dès la petite enfance.
Les aphtoses récidivantes se définissent par la récurrence de poussées au moins quatre fois dans l’année.
L’aphtose multiple (présence de nombreux aphtes, jusqu’à une centaine) et l’aphtose géante (plus d’un cm de diamètre, jusqu’à trois cm, engendre une dysphonie ou dysphagie) sont rarement à l’origine d’une demande de conseil à l’officine mais doivent orienter vers une consultation médicale. Certaines aphtoses témoignent d’une affection générale : maladie de Behçet (aphtose bipolaire buccale et génitale, uvéite), maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, neutropénie, agranulocytose, anémie…
L’herpès labial.
L’herpès labial, plus communément appelé bouton de fièvre, débute par des picotements, des brûlures ou des démangeaisons. Ce stade dure en général quelques heures puis cette phase (prodrome) laisse place à une phase d’érythème : des rougeurs boursouflées apparaissent. Il s’ensuit en quelques jours l’apparition de papules puis de vésicules en bouquet qui éclatent au bout d’un ou deux jours pour former progressivement une croûte jaunâtre douloureuse et qui peut saigner. La cicatrisation de la croûte dure plusieurs jours. Le bouton de fièvre durera en moyenne 7 à 12 jours. Il touche majoritairement les lèvres, mais peut aussi se trouver sur le nez, le menton, l’œil…
L’herpes simplex virus est un virus à ADN dont il existe deux types : HSV1 et HSV2. Classiquement, HSV1 est à l’origine de l’herpès facial tandis que HSV2 est à l’origine de l’herpès génital mais cette frontière n’est pas définitive et l’inverse peut être observé.
La primo-infection herpétique est le premier contact infectant muqueux ou cutané, symptomatique ou asymptomatique, avec le virus HSV1 ou HSV2.
Une récurrence est l’expression clinique d’une réactivation virale chez un patient préalablement infecté par le même type viral.
Les réactivations sont des périodes de réplication virale, séparées par des périodes de latence. Elles surviennent soit sous la forme de récurrence clinique, soit sous la forme d’excrétion virale asymptomatique.
Un peu de physiopathologie
L’herpès labial est surtout dû au virus Herpes simplex virus HSV1 de la famille des herpesviridae. Seule l’espèce humaine est porteuse de ce virus. La primo-infection débute par une infection des cellules épithéliales cutanées ou muqueuses. Puis le virus chemine vers les cellules nerveuses sensitives qui innervent le territoire cutané. Cette primo-infection génère une réaction immunitaire qui cependant n’éradiquera pas le virus qui restera dans les noyaux des cellules des ganglions sensitifs toute la vie. La plupart du temps, la primo-infection a eu lieu dans l’enfance. Elle est le plus souvent inapparente mais peut aussi se manifester par une gingivostomatite aiguë fébrile et douloureuse chez l’enfant à partir de 6 mois (quand les anticorps maternels ont disparu), rendant l’alimentation difficile et pouvant conduire à une déshydratation jusqu’à l’hospitalisation.
Environ 80 % des adultes sont porteurs de ce virus à l’état latent. Un bouton de fièvre apparaît dès qu’il y a réactivation du virus. Vingt à 30 % environ des porteurs du virus manifesteront des poussées de bouton de fièvre, en moyenne deux à trois fois par an. La fréquence des récurrences diminue ensuite avec l’âge en général.
Les mots du conseil
Quels aliments éviter en cas d’aphte ?
Les principaux aliments soupçonnés d’induire des aphtes sont la noix, le gruyère, les fraises, les agrumes, le chocolat, les figues…
Les aphtes peuvent être dus à des médicaments. Il convient donc de rechercher dans les traitements en cours les médicaments qui peuvent induire des aphtes : nicorandil, acide niflumique, captopril, phénindione, piroxicam, phénobarbital…
Mon bouton de fièvre a formé des croûtes, suis-je encore contagieux ?
L’herpès labial est contagieux depuis les premiers picotements jusqu’à l’apparition des croûtes. À savoir : le virus se transmet par contact direct avec un sujet porteur du virus à l’occasion d’une primo-infection ou d’une récurrence et dans une moindre mesure lors d’une excrétion virale asymptomatique.
Comment prévenir la contagion d’un herpès labial ?
Attention à la contagiosité qui se fait par contact direct avec les muqueuses infectées : éviter les baisers, en particulier aux personnes à risque (nouveau-né, femme enceinte, immunodéprimé, sujet atteint de dermatite atopique). Éviter de partager des objets personnels comme des serviettes de toilette, des gants, des brosses à dent, des couverts… Éviter les rapports sexuels orogénitaux. Se laver les mains avant et après avoir touché le bouton de fièvre. Les solutions hydro-alcooliques sont actives contre le virus HSV. Ne pas se toucher les yeux et ne pas humecter ses lentilles avec de la salive pour éviter l’autocontamination.
Puis-je me maquiller malgré mon bouton de fièvre ?
Éviter d’essayer de couvrir le bouton avec un rouge à lèvre ou un fond de teint couvrant car ils retarderont la cicatrisation, à moins de les appliquer par-dessus un patch traitant. La cicatrisation sera aussi retardée en cas d’utilisation locale d’alcool (irritation accrue) et si la croûte est arrachée.
J’ai l’impression d’avoir un bouton de fièvre chaque été.
Le soleil est un des facteurs déclenchants du bouton de fièvre. En prévention, recommander une protection solaire spécifique pour les lèvres avant une exposition au soleil. On retrouve aussi le froid, les règles, le stress, le rhume, un traumatisme local comme une extraction dentaire, toute baisse des défenses immunitaires. Attention aussi à la fièvre du samedi soir : la fatigue peut déclencher l’apparition d’un bouton des fièvres…
J’ai des boutons de fièvre de plus en plus fréquemment : quoi faire ?
En cas de récurrences fréquentes (plus de six par an), l’aciclovir et le valaciclovir peuvent être indiqués dans la prévention des infections orofaciales récidivantes. Il est important de diriger ces patients vers une consultation car le retentissement des récurrences peut être important.
Les produits conseils
Herpès.
L’intérêt des traitements locaux est modeste. Au mieux, ils diminuent légèrement la durée de l’infection. Quel que soit le traitement proposé, plus on agit tôt, mieux c’est.
L’antiviral local à base d’aciclovir inhibe l’ADN polymérase virale. Il peut s’utiliser à partir de six ans (Activir, Herpévir, Kendix, Remex, Virucalm), à raison de cinq fois par jour pendant 5 à 10 jours. Un autre antiviral disponible en conseil est l’ibacitabine (Cuterpès).
Le docosanol (Erazaban), nouvelle spécialité au mécanisme d’action original lancée par Tonipharm, agit sur la captation et la réplication du virus au niveau des cellules saines en inhibant la fusion entre le virus et la membrane plasmique de la cellule. Il s’utilise à partir de 12 ans à raison de cinq fois par jour. Le traitement doit être débuté dès l’apparition des premiers signes ou symptômes du bouton de fièvre. Erazaban peut être utilisé chez la femme enceinte, le sujet âgé et les enfants de plus de 12 ans.
Les patchs et pansements gel ont le vent en poupe (Compeed patch avec aussi une formule nuit enrichie en actif apaisant, Urgo bouton de fièvre). Ils revendiquent plusieurs bénéfices : maintien d’un milieu humide favorable à la cicatrisation, discrétion, soulagement de la douleur par protection des terminaisons nerveuses exposées, prévention de l’apparition de croûtes et diminution du risque de contamination. Le patch doit être utilisé en continu jour et nuit et renouvelé dès qu’il se décolle (environ toutes les 8 heures). La solution filmogène s’applique 2 à 4 fois par jour. À base d’extrait d’algue rouge et de xanthane, Herpclair forme aussi une pellicule invisible sur la lèvre.
Beaucoup de formules intègrent des huiles essentielles ou des extraits végétaux aux propriétés antivirales (Expace bille, Labiarom, Lipium, Puressentiel SOS labial, Viralgil, X erpastick…)
Herpapaisyl (à partir de six ans) propose une formule à base d’extraits de propolis pour leurs vertus antivirales, antidouleurs et réparatrices et de petrolatum pour sa fonction de barrière protectrice.
Côté homéopathie, il est possible de conseiller une dose de Vaccinotoxinum 7CH dès les premiers picotements puis cinq granules de Rhus toxicodendron 7CH pendant l’éruption.
Un antiseptique pourra être utilisé en cas de surinfection et du paracétamol pourra être utilisé si la douleur est importante.
Aphtes.
Pour traiter et soulager un aphte, conseiller l’application d’un antiseptique (chlorhexidine, hexétidine…) et d’un anesthésique local (lidocaïne, tétracaïne). Bains de bouche, pastilles à sucer, gel à appliquer sont disponibles selon les choix de chacun.
Il existe aussi des dispositifs médicaux à base d’acide hyaluronique destinés à combler le déficit au niveau de l’épithélium gingival lors d’un aphte et d’assurer ainsi une fonction barrière, réparatrice et antiinflammatoire normale. La femme enceinte et l’enfant de plus de trente mois peuvent utiliser Hyalugel gel et spray (le bain de bouche est limité à l’enfant de plus de six ans). Éviter de manger et de boire 30 minutes après l’utilisation.
La bêta escéine est utilisée pour ses propriétés antalgiques et antioedémateuses. Le lysozyme est utilisé en tant qu’agent naturel de défense de l’organisme. La rhubarbe est utilisée pour ses propriétés antiinflammatoires.
En aromathérapie, on peut utiliser de l’huile essentielle de tea-tree (à appliquer à l’aide d’un coton-tige).
Côté homéopathie, il est possible de conseiller des granules de Borax 5CH 3 fois par jour, ou encore opter pour une spécialité en comprimés destinée à l’aphte, à base de Borax et d’autres souches homéopathiques complémentaires.
Pharmaco pratique
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3 questions à…
Françoise Amouroux
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Pharmaco pratique
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