Le quotidien du pharmacien. – Quels sont les cas de demande les plus courants qui se présentent au comptoir ?
BRIGITTE DEFOULNY . – En général, le client se présente en demandant d’emblée une marque de médicament, parce qu’il y est habitué ou parce qu’on lui a conseillé. Il évoque plus rarement le problème de constipation (dans ce cas le conseil est facilité). Deux cas de figure peuvent alors se présenter. La personne indique le nom de la spécialité qu’elle veut sans connaître les effets indésirables qui lui sont associés.
Or il s’agit en majorité de traitements drastiques qui agissent rapidement mais sont irritants pour l’intestin et peuvent aggraver le problème en enfermant la personne dans un usage abusif et dangereux à terme. Ils ne doivent être conseillés que pour une utilisation ponctuelle. Au minimum, questionnez la personne pour savoir à qui est destiné le médicament et pourquoi elle en a besoin : est-ce pour une utilisation ponctuelle ou habituelle ?
Si le besoin est transitoire, on peut proposer un laxatif drastique tout en rappelant bien que le traitement ne doit pas être poursuivi trop longtemps sous peine de voir s’installer une accoutumance d’où il est très difficile de sortir. Le mieux, toutefois, est d’orienter le choix vers un laxatif osmotique sans effet de dépendance et sans problème d’irritation associé. Un peu plus long à agir, ce type de traitement doit être poursuivi le temps de rééduquer l’intestin. Si la constipation est chronique, la personne doit adapter la prise.
Comment agir face à une personne dépendante d’un laxatif drastique ?
C’est l’autre cas de figure qui se présente fréquemment au comptoir. Ces personnes sont généralement dépendantes d’un traitement drastique dont elles connaissent parfaitement le mode d’action et les effets secondaires. Elles l’utilisent pour son efficacité et ses résultats rapides. Ici, la difficulté va consister à engager le dialogue sur un sujet sensible tout en étant conciliant mais pas culpabilisant : « J’ai bien compris que vous avez l’habitude d’utiliser ce médicament, mais je vous rappelle que c’est un produit irritant pour l’intestin avec des effets nocifs à long terme. L’idéal serait de lui associer pendant quelque temps un laxatif osmotique, tout aussi efficace et sans effets irritants sur vos intestins : Voulez-vous que je vous explique ? »
Les termes employés sont très importants car il faut évoquer la solution alternative sans juger ni décourager la personne, mais aussi mettre en garde contre l’effet rebond du traitement drastique et l’aggravation de la constipation qu’il provoque. L’objectif est d’associer les traitements drastique et osmotique pour diminuer peu à peu le premier. Il peut aussi arriver que le laxatif osmotique ait déjà été essayé sans apporter de résultat, mais on se rend compte en questionnant la personne qu’elle n’a pas suffisamment persévéré. Il faut alors bien expliquer que ce type de traitement a un temps d’action plus long (en moyenne 48 heures) comparé au laxatif drastique qui est efficace en une nuit.
Quels conseils associés peut-on apporter sur ce thème ?
La constipation résulte parfois d’un simple déséquilibre alimentaire. Questionnez la personne pour savoir quelle quantité d’eau elle boit dans la journée (boire suffisamment pour réhydrater les selles), quelles sont ses aliments préférés (proscrire le sucre), quelle activité physique elle observe (conseillez la marche quotidienne)…
Le dérangement peut aussi provenir d’un facteur déclenchant (séjour chez des amis, alitement, modification de l’alimentation…). Enfin, il faut connaître la fréquence des selles à laquelle la personne est habituée, sachant que la norme pour définir une constipation est de moins de trois selles par semaine.
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