LA CAVITÉ BUCCALE est un vaste réservoir de bactéries avec pas moins de 700 espèces ou phylotypes. Plusieurs études ont mis en évidence une association entre différentes formes de parodontite et l’augmentation du risque de cancer du pancréas. Les infections bactériennes ont d’ailleurs été mises en cause dans la pathogenèse d’autres affections pancréatiques, notamment la pancréatite chronique.
Pour mieux évaluer le rôle de la flore bactérienne buccale dans l’apparition et/ou la progression des maladies du pancréas, une équipe californienne a mis en œuvre une étude comparant les microflores salivaires de patients atteints de pancréatite chronique ou d’un cancer du pancréas opérable et de volontaires sains. Ce travail avait également comme objectif d’identifier d’éventuels marqueurs bactériens susceptibles de contribuer au dépistage précoce d’une atteinte pancréatique et plus particulièrement d’un cancer.
Une flore bactérienne modifiée.
La première étape de l’étude a porté sur 10 patients ayant un cancer du pancréas et dix volontaires sains de même âge et de même sexe. L’examen bactériologique de leurs prélèvements salivaires a montré des différences tout à fait significatives de la composition de leur flore buccale avec une augmentation de 31 bactéries et une diminution de 25 autres espèces.
Au terme de cette première phase, 6 bactéries ont été sélectionnées comme de potentiels marqueurs d’atteinte pancréatique cancéreuse ou inflammatoire chronique. Leur valeur prédictive a été évaluée dans trois groupes de patients?; le premier groupe comptait 28 sujets ayant un cancer du pancréas, le deuxième 27 patients souffrant de pancréatite chronique et le troisième 28 témoins en bonne santé.
Les concentrations salivaires de deux espèces bactériennes, Neisseria elongata et Streptococcus mitis, sont apparues significativement plus basses chez les patients atteints d’un cancer pancréatique que chez les volontaires sains. Les sujets ayant une pancréatite chronique avaient également moins de Streptococcus mitis que les témoins, mais une concentration plus importante d’une autre espèce, Granulicatella adiacens.
Ces résultats ne permettent certes pas de savoir si la modification des concentrations des bactéries de la cavité buccale est une cause ou une conséquence de l’inflammation et de la transformation maligne pancréatiques, mais ils ouvrent la voie à la mise au point de nouveaux marqueurs. Avec une sensibilité de 96,4 % et une spécificité à 82,1 %, la combinaison des dosages des deux bactéries Neisseria elongata et Streptococcus mitis aurait une bonne valeur prédictive dans le cadre du dépistage du cancer du pancréas. L’étude de la flore salivaire pourrait ainsi constituer une approche diagnostique non invasive de ce cancer.
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