« Aujourd’hui, on ne parle plus seulement de cancer du poumon ou du sein, mais de la mutation de la tumeur », souligne le Dr Albrecht Stenzinger, chef du centre de pathologie moléculaire de l'hôpital universitaire de Heidelberg. De fait, une même altération génétique peut être partagée par plusieurs types de cancer. C’est le cas des gènes de fusion TRK, impliqués aussi bien dans l'induction du fibrosarcome infantile que du cancer de la thyroïde.
De cette observation découle une nouvelle approche : le ciblage de l’altération génétique responsable du cancer du patient plutôt que du site de la tumeur. Il s’agit d’un « changement de paradigme dans la façon de traiter le cancer », selon le Dr Scott Field, vice-président senior et responsable du développement en oncologie chez Bayer. Pour l’industriel, cette stratégie repose sur le développement de larotrectinib, un inhibiteur oral et sélectif des gènes de fusion TRK.
Ces oncogènes peuvent être repérés dans le génome du patient par séquençage de nouvelle génération. S'il les présente, il est éligible au traitement. C'était le cas de 122 patients souffrant de différents types de cancer. Les données de leur suivi après traitement par larotrectinib ont été présentées au congrès. Elles montrent une activité antitumorale robuste quelle que soit la tumeur et l’âge (adultes et enfants), un taux de réponse objective de 81 % et une activité démontrée dans les métastases cérébrales (durée de la réponse objective à 12 mois de 75 %). Peu d’événements indésirables de grade 3 ont été observés.
Le darolutamide, prometteur dans le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate a bénéficié de progrès majeurs ces 10 dernières années. Les patients souffrant d'un cancer résistant à la castration et présentant des métastases osseuses bénéficient depuis 2013 du radium 223 (Xofigo), seule apha-thérapie disponible. Son utilisation a récemment été restreinte aux patients ayant déjà reçu 2 traitements ou à ceux pour qui les autres traitements sont contre-indiqués.
Lors du congrès, une étude de phase 3 sur la combinaison Xofigo-acétate d’abiratérone chez des patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration a montré des résultats négatifs sur le critère de jugement principal, la survie sans événement squelettique symptomatique. Par ailleurs, Bayer développe le darolutamide. Cet agoniste du récepteur androgénique fait l'objet de deux essais de phase 3, dans le cancer de la prostate non métastatique résistant à la castration et dans le cancer métastatique hormonosensible.
Plus d'options pour le carcinome hépatocellulaire
Le carcinome hépatocellulaire (CHC), forme la plus fréquente de tumeur primitive du foie, représente la 2e cause de décès par cancer avec une estimation de plus de 780 000 cas par an dans le monde. Le pronostic du CHC avancé est longtemps resté très péjoratif en raison de l’absence de traitement systémique efficace et de la toxicité des chimiothérapies chez des patients le plus souvent cirrhotiques. « Il y avait urgence à trouver des traitements efficaces », estime le Dr Arndt Vogel, professeur d'oncologie gastro-entérologie à la Hannover Medical School. Depuis 10 ans, l'arsenal thérapeutique du CHC au stade avancé a considérablement évolué. Si la chimioembolisation transartérielle est la thérapie recommandée dans les CHC au stade BCLC B de la classification de Barcelone (stade intermédiaire), les stades les plus avancés de la maladie (BCLC C) bénéficient désormais d'un schéma thérapeutique en 1re et 2e ligne.
Bayer a développé 2 médicaments indiqués pour ces patients. Le sorafénib (Nexavar) est arrivé sur le marché en 2007 en tant que traitement de 1re ligne d'un CHC au stade avancé non candidat à la transplantation hépatique et aux traitements loco-régionaux et développé sur une cirrhose compensée child Pugh A. Le régorafénib (Stivarga) a été quant à lui approuvé en 2017 en 2e ligne après progression tumorale documentée après un premier traitement par sorafénib.
L'étude de phase 3 RESORCE a montré une amélioration de la survie globale en 2e ligne chez les patients atteints de CHC par rapport au placebo (10,6 versus 7,8 mois), soulignant la survie globale médicale de 26 mois vs 19,2 mois pour la cinétique sorafénib-régorafénib en 1re et 2e ligne de traitement. Cet arsenal thérapeutique devrait être modifié avec l'arrivée des molécules d'immunothérapie dont les résultats sont attendus à court terme.
Media Workshop du 19 octobre 2018 organisé par Bayer
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