MÊME SI, faute d’études, le nombre de bébés et de jeunes enfants allergiques aux protéines du lait de vache en France n’est pas connu, on estime, à partir des statistiques étrangères, que l’APLV représente 8 à 12 % des allergies alimentaires et que 2-3 % des moins de 3 ans en souffrent. Mais c’est une pathologie complexe, parfois difficile à diagnostiquer. Toute réaction adverse au lait n’est pas due à un mécanisme immunologique : les intolérances au lait de vache ne sont pas des allergies. Et quand le système immunitaire répond anormalement au contact des protéines du lait de vache, la réaction peut être immédiate ou bien retardée. Dans le premier cas, le plus courant, l’allergie est dite IgE médiée et entraîne des symptômes cutanés (prurit oral ou général, érythème, urticaire, eczéma parfois), digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales), respiratoires (hauts ou bas), un angio-œdème, voire une anaphylaxie. Dans l’allergie dite non IgE médiée, les réactions sont plus insidieuses et décalées, d’où un retard du diagnostic, d’autant que les symptômes - vomissements, prurit, eczéma, RGO, rougeur péri-anale, pâleur, rhinite, selles glairosanglantes, mauvaise croissance - ne sont pas spécifiques. Attention au syndrome d’entérocolite induit par les protéines alimentaires (SEIPA), grave et, on ne sait pour quelle raison, en augmentation.
Pas de patch-tests.
Selon le Dr Étienne Bidat, allergologue à l’hôpital Ambroise-Paré (Boulogne), en pratique quotidienne, le diagnostic de l’APLV repose sur l’interrogatoire. Faire des pricks-tests n’est pas à la portée de tous les médecins et le dosage des IgE spécifiques manque de fiabilité en cas d’allergie non IgE médiée. « Quant aux patch-tests, ils n’ont aucun intérêt. Il est aujourd’hui prouvé qu’ils ne sont pas reproductibles et qu’ils donnent beaucoup trop de faux positifs et de faux négatifs. D’ailleurs, les recommandations internationales le rappellent… mais la France est en retard sur ce point. » Il faut donc se fier aux signes cliniques et mettre en place un régime d’exclusion pendant au moins 4 à 6 mois, avant de procéder à un test de provocation.
L’allaitement maternel peut être une solution, mais après un essai de régime chez la mère car certaines femmes gardent beaucoup de protéines dans leur lait. Sinon, place aux formules à hydrolyse poussée de protéines (comme Nutramigen 2), aux préparations à base de protéines de riz hydrolysées avec ajout d’acides aminés ou aux formules à base d’acides aminés. « Même si l’APLV évolue souvent favorablement, ce n’est pas toujours le cas, ajoute le Dr Bidat. Il faut aussi dire aux parents que leur enfant entre dans une « carrière d’allergique », autrement dit qu’il risque de faire d’autres allergies alimentaires et de développer un jour un eczéma, une rhinite ou un asthme. Mais il ne faut leur expliquer que dans un deuxième temps, ils sont déjà suffisamment angoissés. »
Des parents démunis.
Les informations relatives à l’APLV dont disposent les familles sont souvent vagues, incomplètes ou erronées. Sur le Net, on trouve des informations sérieuses (www.allergienet.com, allergies.afpral.fr), mais aussi beaucoup de conseils fumeux, parfois lourds de conséquences, que les familles ne savent pas différencier. Par exemple, « le recours aux laits d’autres mammifères ou surtout aux jus végétaux est catastrophique… Nous voyons arriver des enfants avec des carences nutritionnelles parfois si graves qu’il faut les hospitaliser », déplore le Dr Solène Ganousse-Mazeron, pédiatre gastro-entérologue (Centre des spécialités pédiatriques de l’Est Parisien). « Il faut parfois être ferme avec les parents. »
L’Association française pour la prévention des allergies (AFPRAL), créée en 1991 à l’initiative de parents d’enfants allergiques, aide, conseille et dirige les familles vers des allergologues spécialisés, mais le besoin s’est fait sentir de mettre à leur disposition un site exclusivement consacré à l’APLV. C’est désormais chose faite. Le site www.allergieaulaitdevache.fr, élaboré par Mead Johnson Nutrition en étroite collaboration avec l’APFRAL, explique clairement ce qu’est l’APLV, ses symptômes, la marche à suivre, et donne des conseils pratiques et même des recettes faciles sans lait pour les mères qui allaitent et les enfants.
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Françoise Amouroux
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