EN PRÉAMBULE de cette journée, qui avait lieu à la MGEN, à Paris, la HAS rappelle qu’elle mène une réflexion sur son programme de travail et sur la façon d’y intégrer peu à peu les questions liées au genre. L’institution s’interroge sur la pertinence d’élaborer une check-list pour repérer les points de vigilance sur la question de l’égalité hommes/femmes. « Comment les auteurs ont-ils croisé cette problématique ?, s’interroge Jean-Patrick Sales, directeur de l’évaluation médicale, économique et de santé publique. Après avoir saisi la HAS pour des recommandations sur la contraception, la ministre de la Santé nous a commandé un référentiel de bonnes pratiques à destination des professionnels afin que la contraception proposée, avec un volet spécifique pour les jeunes mineur(e)s, soit la plus adaptée possible à la situation de chacun. »
Sur mesure.
« La ministre a rappelé que les femmes devaient accéder à une information de qualité sur les différents modes de contraception, et effectuer un choix éclairé, qui est aussi celui des hommes », analyse Emmanuelle Cohn, adjointe au chef de service, service évaluation des médicaments. « Si le partenaire s’implique dans le choix de la contraception, les conséquences sur l’observance sont positives », rappelle Sophie Blanchard, chef de projet service bonnes pratiques professionnelles. Clémence Thiébaut, chef de projet au service évaluation économique et santé publique, fait un état des lieux des pratiques et des conditions d’accès. « Première problématique, il y a un impact de la représentation socioculturelle sur la sexualité des femmes car l’attention des professionnels de santé est plus faible ou en décalage avec les besoins contraceptifs. Second point, l’interaction des partenaires dans le choix de la méthode contraceptive : on constate que la contraception est une affaire de femmes et qu’elles sont souvent tenues pour responsables de sa mise en œuvre et de ses échecs. »
Françoise Hamers, chef de projet au service évaluation économique et santé publique, a réfléchi sur la prescription ou la délivrance à l’avance de la contraception d’urgence, et s’est demandée comment définir la question d’évaluation spécifique liée au genre : « Par exemple, l’effet du genre du pharmacien sur l’attitude et la crainte de la femme. Pourquoi ne pas délivrer la contraception d’urgence aux hommes pour leurs partenaires femmes ? Les pharmaciens hommes sont plus fréquemment favorables à une délivrance aux hommes. »
Plus définitifs, enfin, les actes de stérilisation évoqués par Candice Legris, du service évaluation des actes professionnels. Légalisés en 2001 et pris en charge par l’assurance-maladie, ils ne concernent que 3,9 % des femmes et 0,3 % des hommes. « La loi confère à la seule personne concernée par l’intervention la responsabilité du choix de la stérilisation, même s’il est possible d’associer son partenaire à sa réflexion. »
Périnatalité.
« L’institution se mobilise pour donner aux professionnels de santé des points de repère afin de les aider à effectuer les suivis de grossesse », expose Anne-Françoise Pauchet-Traversat, chef de projet au service maladies chroniques et dispositifs d’accompagnement des maladies. On pense bien sûr d’emblée aux dépistages prénataux. « LA HAS a travaillé sur les maladies chromosomiques comme la trisomie 21, et les maladies infectieuses - toxoplasmose, rubéole et hépatite B - qui ont un grand impact sur la santé périnatale. Le dépistage a permis de faire baisser de 50 % le nombre d’amniocentèses et d’éviter 200 pertes fœtales par an », analyse Olivier Scemama, adjoint au chef de service évaluation économique et santé publique. Il s’agit d’une question complexe avec un enjeu éthique : décider de recourir au dépistage, mesurer le risque, choisir de poursuivre ou d’interrompre la grossesse. Toujours en lien avec la question de l’éthique, le gouvernement a saisi la HAS en 2012 sur la définition d’une échographie fœtale médicale. Les images sont-elles compatibles avec les pratiques commerciales ? Les résultats restent à affiner, mais on peut retenir une discussion sur l’application du principe de précaution, une interrogation sur la production de ces images et, bien sûr, la question de la protection du fœtus.
Après le dépistage et l’échographie, vient l’accouchement, et, parfois, la césarienne. Celle-ci peut être programmée à long terme. « Il s’agit d’informer les femmes dès le début de la grossesse jusqu’à la décision de la césarienne programmée, commente Marina Martinowski, chef de projet au service évaluation et amélioration des pratiques. L’objectif ? Un échange structuré pour expliciter la décision : conséquences de l’acte, crainte de la douleur, le tout dans le cadre d’une décision partagée. » Malheureusement, il existe encore des hémorragies du post-partum. « C’est un problème de santé publique. Il faut suivre les indicateurs de sécurité pour améliorer la sécurité des femmes, réduire les inégalités de prise en charge, et informer », précise Sandrine Morin, chef de projet au service indicateurs pour l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.
Enfin, Bruno Bally, adjoint au chef de service mission sécurité du patient, dévoile la définition de la HAS sur le travail en équipe : « Plusieurs professionnels de santé qui collaborent, s’entraident et se coordonnent pour atteindre des objectifs partagés centrés sur la prise en charge du patient dont ils se sentent collectivement responsables. »
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