LE MINISTÈRE de la Santé devrait, sauf surprise, entériner prochainement la proposition : dans ce cas, à partir du 1er juillet, seules les boîtes d’aspirine et équivalents, contenant au maximum 8 grammes d’acide acétylsalicylique, soit au maximum 20 comprimés à 400 mg, pourront être délivrées sans ordonnance, les grands conditionnements de 50 ou 100 comprimés devenant réservés à la prescription. En outre, les boîtes de médicaments contenant du diclofénac, de l’ibuprofène, du phénazon et du prophénazon, seront soumises à prescription lorsqu’elles excèdent 20 comprimés. Selon les experts de la commission chargée des listes, il s’agit avant tout de prévenir une « banalisation » de la consommation de ces produits, sur une durée longue, plutôt que de lutter contre des abus, jusque-là non prouvés. Les représentants des pharmaciens d’officine ont d’ailleurs eux aussi voté en faveur de cette mesure, en estimant qu’acheter une boîte de 100 comprimés d’aspirine banalise beaucoup plus ce produit que d’aller en demander cinq boîtes de 20. Restreindre la taille des conditionnements, selon eux, a donc avant tout un intérêt psychologique, et devrait aussi amener les patients à interroger plus souvent leur pharmacien lorsqu’un trouble ne passe pas après quelques jours de traitement en automédication. L’industrie pharmaceutique, par contre, a émis des réserves sur l’intérêt pédagogique et sanitaire de cette mesure. Au printemps dernier, l’Allemagne, suivant en cela plusieurs autres pays, avait déjà limité la taille des boîtes de paracématol en vente libre, mais l’objectif était différent, et portait sur la prévention des suicides.
Une forte valeur symbolique.
La limitation de la vente libre d’aspirine et de ses génériques aura une forte valeur symbolique en Allemagne, où ce médicament est sans doute le produit en vente libre le plus connu outre-Rhin… et où la publicité pour lui s’affiche partout, jusque sur les billets de train et même sur les locomotives. Les grands conditionnements sont apparus il y a quelques années, et ont l’avantage pour l’acheteur de coûter un peu moins cher que les petites boîtes. Il est intéressant de noter qu’il y a quelques semaines, le Royaume-Uni prenait une mesure comparable sur les antalgiques en vente libre, en interdisant les promotions du style « achetez une boîte, et on vous offre la seconde », et en limitant à 100 le nombre maximal de comprimés achetable en une fois dans une pharmacie, ainsi qu’à 16 ou 32 le nombre maximal de comprimés par boîte.
On observera que le Royaume-Uni et l’Allemagne, traditionnellement très ouverts aux OTC, prennent ces mesures de restriction alors que plusieurs pays scandinaves, mais aussi les Pays-Bas, jusque-là très frileux sur les ventes sans ordonnances, ont libéralisé récemment ou libéralisent actuellement ce secteur, certains allant même jusqu’à l’ouvrir à d’autres commerces. Même s’il existe une harmonisation partielle des listes de médicaments prescriptibles ou non en Europe, ce domaine, comme la taille des boîtes, reste largement du ressort des États, en fonction du principe qui fait du médicament un produit de santé obéissant donc à des règles différentes que celles s’appliquant à d’autres produits manufacturés. La Commission européenne, qui assure régulièrement « étudier » la question de l’harmonisation des listes et des conditionnements, n’a, jusqu’à présent, présenté aucun texte précis à ce sujet.
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