Alors que la Chine continentale fait face à l’épidémie la plus importante de coronavirus jamais décrite ces dernières années avec le COVID-19, le risque de pandémie inquiète le reste du monde. De nouvelles données chinoises, publiées dans « China CDC Weekly » et portant sur une série de 72 314 cas en date du 11 février 2019, apportent des enseignements importants pour aider les pays à se préparer.
L’épidémie de COVID-19 s’est rapidement propagée d’une seule ville au pays entier en 30 jours seulement. La vitesse à la fois de l’expansion géographique et du nombre de cas a surpris et rapidement débordé les services sanitaires à Wuhan et dans la province du Hubei.
« Les courbes épidémiques évoquent un modèle mixte d’épidémie : les cas précoces en faveur d'une origine commune continue, potentiellement zoonotique via le marché de fruits de mer Huanan, et les cas plus tardifs suggérant une transmission de personne à personne », commentent dans le « JAMA » (1) deux épidémiologistes du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies à Pékin.
Une atteinte modérée dans plus de 80 % des cas
Sur l’ensemble des cas rapportés, seulement 44 672 (62 %) ont été confirmés. La très grande majorité (87 %) concernait la tranche d’âge 30-79 ans. L’atteinte était qualifiée de légère à modérée dans 81 % des cas, de grave (dyspnée, fréquence respiratoire ≥ 30/min, saturation en oxygène ≤ 93 %, PaO2/FiO2 < 300, et/ou infiltrats pulmonaires > 50 %) dans 14 % des cas et menaçant le pronostic vital (insuffisance respiratoire, choc septique, défaillance multiple d’organe) dans 5 % des cas.
Si le taux de mortalité était en moyenne de 2,3 %, il grimpait à 14,8 % chez les sujets âgés de 80 ans et plus. En cas d’atteinte menaçant le pronostic vital, un patient sur deux décédait de l’infection. Le taux de mortalité était aussi plus élevé en cas de comorbidités : maladie cardiovasculaire (10,5 %), diabète (7,3 %), maladie respiratoire chronique (6,3 %), hypertension (6,0 %) et cancer (5,6 %). Aucun décès n’a été observé chez les moins de 9 ans, ni en cas d’atteintes modérées ou graves.
Personnel soignant infecté
En Chine, le personnel soignant représentait 3,8 % de l’ensemble des sujets infectés, la majorité résidant à Wuhan (63 %). Un soignant sur dix a présenté une atteinte sévère ou menaçant le pronostic vital. Cinq décès ont été observés. La majorité des cas résidaient dans la province du Hubei (75 %) et la plupart (86 %) rapportaient une exposition en lien avec Wuhan, soit en y habitant, soit en y étant allé ou en ayant été en contact étroit avec un résident ou un visiteur de Wuhan.
« L’épidémie actuelle de COVID-19 est à la fois similaire et différente des précédentes épidémies de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) », est-il écrit dans le point de vue des épidémiologistes.
Les trois infections virales sont généralement associées à de la fièvre et une toux et conduisent fréquemment à une infection respiratoire basse de mauvais pronostic en cas d’âge avancé et de comorbidités. La confirmation diagnostique repose sur la recherche d’acide nucléique dans les prélèvements respiratoires (en particulier au niveau de la gorge), mais le diagnostic clinique peut être posé sur les symptômes, l’exposition et l’imagerie pulmonaire. Le standard de prise en charge repose actuellement sur les soins de support en l’absence de traitement spécifique disponible.
En revanche, l’ampleur de l’épidémie diffère largement. L’épisode de SRAS a été déclaré contenu en juillet 2003 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec un peu plus de 8 000 cas et 700 décès dans 29 pays, tandis que le MERS est toujours en cours avec près de 2 500 cas dont 858 décès dans 28 pays. Alors que le taux de mortalité total a été estimé à 9,6 % pour le SRAS et à 34,4 % pour le MERS, il reste actuellement de 2,3 % pour le COVID-19. De plus, il semble bien que le COVID-19 soit davantage transmissible que les deux autres coronavirus.
Cas asymptomatique, enfants et nourrissons
Toujours concernant la transmission, des médecins chinois relatent dans une autre étude (2) le cas probable d’une porteuse asymptomatique de COVID-19 probablement en cause dans la contamination de cinq membres de sa famille, qui se sont révélés symptomatiques. Contrairement au cas précédemment rapporté dans « The Lancet » d’un garçon de 10 ans asymptomatique avec des infiltrats pulmonaires au scanner, cette jeune femme de 20 ans avait une imagerie normale.
Autre point d’interrogation, les enfants et les adolescents, qui semblent très peu touchés par l’infection : 1 % des cas pour les 10-19 ans, 1 % pour les moins de 10 ans. Une autre étude (3) a cherché à identifier tous les nourrissons hospitalisés en Chine. Neuf nourrissons infectés ont été retrouvés entre début décembre 2019 et début février 2020. Alors que sept étaient des filles, il est à vérifier si chez les tout-petits, le sexe féminin est plus à risque que le sexe masculin, l’inverse ayant été constaté à l’âge adulte. Aucun des bébés n’a été admis en unités de soins intensifs, ni n’a nécessité un recours à la ventilation mécanique, ni n’a eu de complications graves.
(1) Z Wu et al. "JAMA". doi:10.1001/jama.2020.2648.
(2)Y Bai et al. "JAMA". doi:10.1001/jama.2020.2565.
(3) M Wei et al. "JAMA". doi:10.1001/jama.2020.2131.
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