L’ASPIRINE, l’un des plus vieux médicaments des officines, nous étonne encore. Après l’avoir démontré pour le cancer colo-rectal, des Britanniques suggèrent qu’une faible dose d’aspirine par jour au long cours permettrait de réduire la survenue de plusieurs autres cancers, tels que les cancers de la prostate, du poumon ou de l’œsophage. Après 5-10 ans d’aspirine quotidienne, la mortalité toutes causes confondues, y compris les hémorragies sévères, serait diminuée d’environ 10 %.
Pour arriver à ces conclusions, le
Pr Peter Rothwell, de l’université d’Oxford, et ses collègues ont utilisé dans leur métaanalyse les données de 8?essais cliniques de prévention cardio-vasculaire, englobant au total 25 570 patients. Pour un traitement de plus de 4 ans, l’aspirine a réduit de 20 % la mortalité par cancer, l’effet étant principalement en rapport avec une durée de plus de 5 ans. Il existe une grande diversité de population d’un essai à l’autre, ce qui laisse penser que les résultats sont généralisables.
Tous les jours pendant 5 ans.
Dans ces essais conçus pour évaluer la prévention cardio-vasculaire et non la mortalité par cancer, les chercheurs ont étudié les décès survenus pendant et après la durée d’étude, en comparant des patients prenant de l’aspirine tous les jours à ceux n’en prenant pas. Sur les trois essais ayant un suivi prolongé (12 659 patients, 1 634 décès), la mortalité par cancer à 20 ans est restée inférieure de 20 % dans le groupe traité par aspirine. Plus le traitement est prolongé, plus le bénéfice est important. Si l’effet sur la mortalité débute environ après 5 ans de traitement pour les cancers de l’œsophage, du pancréas, du cerveau et du poumon, le délai est un peu retardé dans le temps pour les cancers colo-rectaux, de l’estomac et de la prostate, apparaissant au-delà de 5 ans. Selon l’analyse sur une vingtaine d’années, la réduction du risque de décès est d’environ 20 % pour le cancer de la prostate, de 30 % pour celui du poumon, de 40 % pour le cancer colo-rectal et de 60 % pour celui de l’œsophage. L’aspirine semble plus profitable à un certain type histologique de tumeur. Ainsi, pour les cancers de l’œsophage et du poumon, le bénéfice était limité aux adénocarcinomes. À long terme, le bénéfice le plus marqué est constaté pour les adénocarcinomes, avec une réduction de la mortalité par cancer de plus de 65 %. Peu importe que la posologie soit forte, l’effet semble le même que l’aspirine soit administrée à 75 mg par jour ou plus. En revanche, il s’avère qu’au bout de 20 ans de traitement, la plus forte diminution de mortalité par cancer est constatée chez les sujets âgés de 65 ans et plus. Ce qui fait écrire aux auteurs que la meilleure tranche d’âge pour débuter l’aspirine se situerait sans doute vers la cinquantaine.
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