« LA NOUVELLE PHILOSOPHIE des recommandations vaccinales contre la grippe éditées par le Haut Conseil de santé publique est en ligne avec les recommandations antérieures, complétées d’un certain nombre d’ajouts issus de l’expérience de ce qui s’est passé avec la grippe saisonnière en 2010-2011. Elle vise également l’objectif de santé publique de porter la couverture vaccinale contre la grippe à au moins 75 % de la population à risque », indique le Pr Bruno Lina.
Les plus-de-65-ans en tête de liste.
Les personnes âgées de plus de 65 ans sont naturellement en tête de liste. Puis viennent toutes les autres, y compris les enfants à partir de 6 mois et les femmes enceintes, celles atteintes de nombreuses pathologies chroniques, l’entourage des nourrissons âgés de moins de 6 mois présentant un facteur de grippe grave (notion de cocooning), les personnes séjournant dans les établissements de suite de soins, ainsi que leur entourage (dans ce cas, le cocooning concerne d’abord le personnel soignant).
Enfin, des recommandations concernent certains secteurs professionnels : toutes les professions médicales* et les professions du tourisme (bateaux de croisière, avions, agences de voyages, accompagnateurs. D’autant plus que les touristes ont souvent plus de 65 ans).
L’Assurance-maladie estime à 18,7 millions le nombre de personnes à risque en France au regard de l’infection grippale, soit un quart de la population française désormais ciblé par la vaccination.
Recommandations élargies.
« Le HCSP a identifié de nouveaux groupes de patients, appartenant aux groupes à risque, mais qui ne bénéficiaient pas auparavant de recommandations », précise le Pr Lina. Il s’agit :
- Des insuffisances respiratoires chroniques obstructives ou restrictives, quelles que soient la cause et la sévérité (ce qui est nouveau).
- Des maladies respiratoires qui ne remplissent pas les critères d’affections de longue durée (ALD) ; cela contourne la difficulté pour les personnes se trouvant au seuil du critère d’ALD mais dont l’état est susceptible d’être aggravé ou décompensé par une affection grippale (par exemple : asthme, bronchite chronique, bronchiectasies, hyperréactivité bronchique).
- Des dysplasies bronchopulmonaires : il s’agit d’anomalies de développement survenant chez le prématuré représentant l’une des principales complications et causes de mortalité chez ces derniers.
- Des troubles du rythme cardiaque graves justifiant un traitement au long cours en raison d’un risque de décompensation.
- De toutes les maladies coronariennes.
- De tout ce qui peut provoquer une baisse de la ventilation pulmonaire : paraplégie et tétraplégie avec atteinte du diaphragme.
- Des syndromes néphrotiques.
- Des diabètes de type 1 ou de type 2.
- De tous les déficits immunitaires, primitifs ou acquis : cela comprend les pathologies tumorales et hématologiques, la transplantation d’organe et de cellules souches hématopoïétiques, les déficits immunitaires héréditaires, les patients souffrant de maladies inflammatoires et/ou auto-immunes recevant un traitement immunosuppresseur, sauf les personnes qui reçoivent un traitement régulier par immunoglobulines.
« La vaccination antigrippale est d’autant plus impérative qu’il s’agit de patients dont le traitement d’une grippe est compliqué, car l’excrétion virale peut être considérablement prolongée », souligne le Pr Lina.
Faire preuve de souplesse.
Le HCSP innove également en recommandant de donner la possibilité aux médecins, traitants ou hospitaliers, de prescrire la vaccination antigrippale aux personnes éligibles mais non identifiées par l’Assurance-maladie (et, de ce fait, n’ayant pas reçu de bon de prise en charge du vaccin). « Un des objectifs affichés, qui repose sur le bon sens, est de remettre le médecin généraliste au centre de la vaccination antigrippale », poursuit le Pr Lina.
Souplesse également en ce qui concerne les recommandations. En effet, les experts du HCSP et du Comité technique des vaccinations souhaitent sortir d’un carcan rigide de listes immuables et se donnent la possibilité de modifier les recommandations vaccinales à la lumière de ce qui est observé dans l’hémisphère sud ou des informations épidémiologiques collectées en fonction des épidémies.
« On peut ainsi concevoir que de nouvelles recommandations soient publiées au milieu de la campagne de vaccination. Cela compliquera probablement le message, mais permettra de mieux cibler l’intérêt de la vaccination », conclut le Pr Lina.
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