L’urticaire chronique est une dermatose fréquente surtout dans sa forme superficielle caractérisée par des plaques inflammatoires et prurigineuses associées parfois à des angio-œdèmes. Lorsque l’œdème atteint la partie profonde du derme ou de l’hypoderme, les lésions prennent l’aspect de tuméfactions fermes, pâles, plus douloureuses que prurigineuses. Il s’agit alors d’une urticaire profonde. Elle est dite chronique quand les poussées sont quotidiennes ou semi-quotidiennes depuis au moins 6 semaines et spontanée quand aucun stimulus externe n’est retrouvé. L’objectif du traitement est de supprimer les symptômes urticariens et d’améliorer la qualité de vie des patients. À ce jour, seules 2 classes thérapeutiques ont une autorisation de mise sur le marché dans l’urticaire chronique spontanée (UCS), les antihistaminiques anti-H1 et l’omalizumab.
Pour la Société française de dermatologie, il était urgent d’actualiser les recommandations de 2003, face aux nouveaux médicaments mis sur le marché et aux nombreuses études réalisées depuis cette date. Ce nouveau défi est relevé par le centre de preuves en dermatologie créé en 2015. Une revue et une analyse rigoureuse des données de la littérature (10 dernières années) a été réalisée par un groupe de travail composé de 8 membres de spécialités différentes et présidé par la Pr Annabel Maruani (dermatologue et membre du centre de preuves de dermatologie de la SFD). Cette revue a ciblé la prise en charge thérapeutique de l’urticaire dans sa forme chronique spontanée. Sur les 808 articles estimés éligibles, 59 ont été retenus car correspondant à des études prospectives de bonne qualité méthodologique et aux données exploitables. Les antihistaminiques, les traitements médicamenteux et physiques (hors antihistaminiques), les régimes alimentaires, les approches psychothérapeutiques et les traitements chez l’enfant ont tous été passés au crible. Un document de synthèse a été élaboré. Il a été amendé par 9 spécialistes français puis validé par un panel pluridisciplinaire de praticiens de santé auquel étaient associés 2 patients atteints d’UCS.
Réserve des experts
Le groupe de travail a confirmé l’efficacité et la bonne tolérance des antihistaminiques anti-H1 à dose conventionnelle en traitement de première intention de l’UCS. Les anti-H1 de deuxième génération sont privilégiés car moins sédatifs et moins anxiolytiques. En traitement de deuxième intention, les experts recommandent d’augmenter les doses d’anti-H1, selon des modalités qui restent divergentes par rapport à la littérature. L’adjonction d’un anti-H2 (pour une symptomatologie digestive) ou de montelukast (encore largement utilisé) à un anti-H1 n’a pas montré de bénéfices supplémentaires. Quant à l’utilisation des corticoïdes, dont l’utilisation est loin d’être rare, notamment en automédication, elle n’a fait l’objet d’aucune étude dans l’UCS. D’où une certaine réserve des experts. Parmi les immunosuppresseurs, la ciclosporine, qui n’a pas l’autorisation de mise sur le marché dans cette indication, s’est révélée utile dans certaines situations (UCS réfractaire ou invalidante). L’omalizumab, développé plus récemment, a été plus largement étudié dans l’UCS et a clairement prouvé son efficacité en adjonction aux antihistaminiques par rapport à un placebo.
Les experts s’étonnent qu’aucune donnée comparative n’existe entre ciclosporine et omalizumab. Les régimes d’éviction alimentaire systématiques ne semblent pas appropriés. Quant aux preuves concernant les approches psychothérapeutiques, elles n’étaient pas suffisantes pour que les experts puissent les recommander.
Conférence de presse sur les journées dermatologiques de Paris 2019 (7 Novembre 2019). Ces journées se tiendront du 3 au 7 Décembre 2019.
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