« La France sans hépatite C, c’est maintenant ! », lance Pascal Melin, président de l’association SOS hépatites lors du Congrès européen d’hépatologie (congrès de l’EASL, Paris, 11 au 15 avril 2018). Ainsi, si le gouvernement français a annoncé qu’il souhaitait éliminer le virus de France à l’horizon 2025, pour SOS hépatites, c’est dès 2018 qu’il faut engager cette dernière bataille.
Déjà, notre pays est sur la bonne voie : « 21 934 personnes ont été guéries de l’hépatite C en France entre le 1er janvier 2017 et le 1er avril 2018, selon le baromètre de l’éradication de l’hépatite C », dévoile Pascal Melin. Un exploit qui a été rendu possible grâce aux nouveaux traitements de l’hépatite C, les antiviraux d’action directe, qui permettent d’obtenir une guérison dans plus de 95 % des cas, en 8 à 12 semaines, et sans effets secondaires majeurs. Ces traitements - désormais accessibles à tous les patients, même ceux n’ayant pas de symptômes - ont révolutionné la prise en charge. « L’hépatite C est aujourd’hui la seule maladie chronique dont on peut guérir en 8 à 12 semaines ! », se félicite Marc Bourlière (hôpital Saint-Joseph, Marseille). De plus, ces traitements sont remboursés à 100 %, et certains sont depuis peu disponibles en ville (Maviret, Sovaldi, Harvoni, Epclusa et Vosevi). Toutefois, leur prescription reste réservée aux spécialistes. Pour simplifier le parcours de soins, la Société française d'hépatologie (AFEF) a récemment recommandé la fin de cette prescription réservée. « Nous demandons que le généraliste puisse prescrire les antiviraux d’action directe ciblant tous les génotypes du virus (Epclusa ou Maviret) pour les cas simples d’hépatite C (sans comorbidité, sans antécédent de traitement, sans maladie hépatique sévère) », avance Christophe Bureau, hépatologue au CHU de Toulouse et secrétaire général de l'AFEF. « Ce parcours simplifié serait un atout de plus pour éradiquer la maladie », poursuit-il.
Cap sur le dépistage
Mais traiter ne suffit pas, Il faut aussi améliorer le dépistage. En effet, aujourd’hui, on estime qu’il reste 110 000 personnes susceptibles d’être traitées dans l’Hexagone. Mais parmi elles, 75 000 ignorent leur séropositivité et restent à dépister. « Tout l’enjeu est donc de trouver ces porteurs cachés », évoque Frédéric Chaffraix, vice-président de SOS hépatites. Dans cet objectif, le gouvernement propose d’intensifier le dépistage ciblé auprès des publics les plus exposés (usagers de drogues, migrants, prisonniers, travailleurs du sexe…). Mais cette approche est incomplète. « Il faut aussi dépister tous les adultes au moins une fois dans leur vie », martèle Frédéric Chaffraix. Car tout contact avec le sang peut transmettre la maladie : « une transfusion, un partage de seringue ou de paille à cocaïne, mais aussi la réalisation d'un tatouage, ou un passage chez l’esthéticienne », illustre Isabelle Rica, de l’association Hépato gastro entérologues hôpitaux généraux (Créteil).
Engagement citoyen
De son côté, pour trouver ces 75 000 séropositifs qui s’ignorent, l’association SOS hépatites veut encourager les initiatives citoyennes de dépistage, qui se multiplient déjà sur le terrain. « Par exemple, des communes ont lancé des projets " ma ville sans hépatites ", comme à Strasbourg, Marseille, Nice, mais aussi dans de petites communes comme Corbigny (1 600 habitants) dans le Morvan, ou dans des villages comme Arreux dans les Ardennes. On pourrait aussi imaginer des « hôpitaux sans hépatites », comme il existe des « hôpitaux sans tabac », ou des cabinets médicaux, des entreprises de prisons, des maisons de retraite visant le zéro hépatite ? », propose Pascal Melin. L’association compte créer un label hépatite qu’elle remettra aux projets qui s’engagent dans l'éradication de l’hépatite C, un label attribué sur la base de certains critères (tenue de réunions de sensibilisation, dépistages dans les populations vulnérables, incitation au dépistage en centre de référence, etc.).
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