Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl et leurs génériques, soit plus de 200 présentations de spécialités indiquées dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer, seront déremboursés à compter du 1er août 2018, selon un arrêté du ministère de la Santé publié le 1er juin au « Journal officiel ». Ces médicaments étaient jusque-là remboursés à hauteur de 15 % par l'assurance-maladie, pour un coût de quelque 90 millions d'euros en 2015.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait annoncé le 28 mai dernier sa décision, suivant ainsi l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) qui datait d’octobre 2016. À cette époque, la Commission de transparence de la HAS avait jugé que le « service médical rendu de ces médicaments était insuffisant pour justifier leur prise en charge par la collectivité ». Elle pointait aussi « l'existence d'effets indésirables potentiellement graves ». Mais la ministre de la Santé de l'époque, Marisol Touraine, s'était refusée à suivre cet avis dans l’immédiat, craignant une levée de boucliers. Pour elle, aucun déremboursement ne serait envisagé avant l’élaboration et la mise en place d'un « protocole de soins élaboré par les scientifiques en lien avec les associations de patients ».
Or ce protocole a été dévoilé le 25 mai par la HAS, via un guide et des fiches pratiques sur la prise en charge des patients souffrant d'Alzheimer et de maladies apparentées. Leur publication a ouvert la voie au déremboursement officialisé le 1er juin.
Dans la foulée, l'association France Alzheimer a jugé cette décision « infondée et dangereuse » : « Il semblerait que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd », déplore l'association, en ajoutant qu’au-delà de la question de l'efficacité, « la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient ».
Agnès Buzyn a répété que cette mesure purement médicale n'était pas motivée par des raisons budgétaires. « Tout l'argent qui va être économisé sera intégralement réorienté vers l'accompagnement des personnes atteintes de maladie d'Alzheimer, soit pour les centres mémoire soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge. Il n'y aura aucune économie faite sur les malades mais ce qui compte c'est que les malades soient bien accompagnés », a-t-elle assuré.
Front contestataire
La décision de déremboursement a été contestée par six sociétés savantes et organisations professionnelles médicales : la Fédération des centres mémoire, la Fédération française de neurologie, la Société française de neurologie, la Société française de gériatrie et de gérontologie, la Société francophone de psychogériatrie et de psychiatrie de la personne âgée et la Société de neuropsychologie de langue Française. Elles jugent cette mesure « délétère pour les patients et leur entourage » et assurent que « ces médicaments ont prouvé leur efficacité sur la cognition dans la maladie d'Alzheimer, la maladie à corps de Lewy et la démence de la maladie de Parkinson ».
À l’inverse des spécialistes, le Collège de médecine générale a soutenu la décision de dérembourser des médicaments « inutiles et à risques ». Toutefois, le Collège de médecine sera extrêmement vigilant quant au déploiement des thérapeutiques non-médicamenteuses (kinésithérapie, stimulations cognitives et sensorielles des patients, soutien aux aidants, etc.).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques