Dans certains aliments et dans certaines graines et plantes, on retrouve des protéines appelées LTP (protéines de transfert lipidique). Les LTP font partie de la famille d’allergènes alimentaires, les prolamines, résistantes à la digestion et la chaleur. Elles sont réputées pour provoquer des allergies sévères.
Or le cannabis contient aussi des LTP qui peuvent être similaires : une similitude a été retrouvée entre les LTP du cannabis et celui de la pêche ou de la tomate. Les personnes peuvent devenir allergiques aux LTP par voie respiratoire (en inhalant des pollens), par contact cutané avec certaines parties de la plante et par voie digestive par ingestion de graines ou de thé à la marijuana. Le cannabis du chanvre indien (à ne pas confondre avec le chanvre alimentaire) contient plusieurs allergènes, essentiellement le Can s 3, mais également une profiline, une oxygen-evoloving enhancer protein, une Can s rubisco impliquées dans la photosynthèse, et une TLP (thaumatin-like). Les réactions allergiques chez les personnes sensibilisées à ces composants sont des difficultés à respirer, de l'asthme, des démangeaisons, des rougeurs, un gonflement des paupières et des lèvres. Mais aussi, et c'est plus étonnant, l'inhalation de la fumée de cannabis peut potentiellement provoquer des allergies croisées après ingestion de végétaux. Cela peut déclencher une urticaire, une dyspnée, un œdème des lèvres et du palais et des réactions graves pouvant aller jusqu’à l’anaphylaxie.
Allergies aux rosacées et aux agrumes
Ce syndrome, appelé le « syndrome cannabis–fruits/légumes », semble surtout impliquer le Can s 3, (l'allergène auquel les Européens semblent particulièrement sensibles). Il possède une structure chimique stable, résistante à la chaleur, et proche de celle des LTP présents dans les végétaux. Il demeure fonctionnel dans le tractus gastro-intestinal et peut entraîner des réactions généralisées. Il peut aussi induire un syndrome oral. Les allergies croisées liées à cette protéine concernent surtout la pêche, la pomme, la cerise, la noisette, la tomate et parfois des agrumes comme l'orange et le pamplemousse. Plus récemment, on a démontré qu'une sensibilisation au cannabis pouvait engendrer une réactivité croisée avec des céréales, des boissons alcoolisées (bière et vin), le latex d'hévéa et le tabac.
Ces symptômes graves touchent non seulement les fumeurs, mais ils peuvent aussi concerner les fumeurs passifs, comme les enfants, qui deviennent alors sensibles à certains végétaux. Les tests de sensibilité au cannabis apparaissent difficiles à mettre en place, du fait du caractère illicite de la substance. Le diagnostic repose sur le dosage des anticorps IgE spécifiques chanvre, des tests cutanés avec la matière première et des tests d'activation de basophiles. Des tests de provocation ne sont pas permis. Il n'y a aucun traitement causal.
D'après une conférence de presse lors du 12e Congrès francophone d'allergologie.
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