Parmi les molécules insecticides phares pour lutter contre les poux et les moustiques, le pyréthrinoïde fait partie des incontournables. Déjà pointé du doigt pour ses effets neurotoxiques chez les enfants, il est cette fois accusé d'induire une puberté précoce chez les garçons, qui est associée à un risque de cancer des testicules.
Une nouvelle étude sur le pyréthrinoïde a été présentée début avril au congrès de la Société américaine d'endocrinologie, à Orlando, en Floride. Menée par des chercheurs de l'université Zhejiang à Hangzhou (Chine), elle inclut 463 garçons chinois de 9 à 16 ans et montre que le pyréthrinoïde stimule la production de testostérone chez les garçons en agissant sur deux hormones, la LH (hormone lutéinisante) et la FSH (hormone folliculo-stimulante). Une augmentation de 10 % de 3-PBA, un métabolite des pyréthrinoïdes, présent dans les urines des participants a été associée à une augmentation de 4 % des taux de LH et FSH. Un niveau accru de 3-PBA augmente la probabilité de développement précoce des organes génitaux chez les garçons de 73 à 110 %. Même à très faible dose, les pesticides provoquent des changements graves, notamment sur le fœtus, l'embryon, les jeunes enfants, des malformations génitales, des ménopauses et pubertés précoces, et même l'infertilité. Une puberté précoce est associée à un risque de cancer des testicules chez les garçons ou du sein chez les filles à l'âge adulte, des troubles du comportement, de l'hypertension, du diabète, ou encore des problèmes cardiaques.
La toxicité du pyréthrinoïde, qui constitue 30 % de l'utilisation globale de pesticides, a été prouvée sur le système nerveux, provoquant des troubles cognitifs, notamment chez les enfants. Les chercheurs rappellent que le pyréthrinoïde est très utilisé dans l'élevage et l'agriculture, ainsi que dans les produits antimoustiques et antipoux (lire notre article « abonné »), et qu'il est difficile à éviter car on le retrouve dans le sol, l'eau et l'air.
La France se place toujours parmi les pays les plus consommateurs de pesticides : deuxième en Europe, derrière l'Espagne, et quatrième au monde. Pour tenter d'y remédier, un deuxième plan Ecophyto a démarré au printemps 2016 dont l'objectif de « 50 % de pesticides » a été reporté à 2025. Seuls les néonicotinoïdes (Gaucho ou Cruiser) seront interdits en 2018. Depuis le 1er janvier 2017, l'utilisation des produits phytosanitaires est interdite en France dans les jardins et espaces verts publics.
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