TRANSFORMÉES en « centres de soins » ouverts sans interruption, comme l’explique le décret législatif publié la semaine dernière dans le « Journal Officiel » italien, les pharmacies vont devenir de véritables relais sanitaires. Une bonne nouvelle pour la fédération italienne des pharmaciens (Federfarma), qui propose aussi de distribuer des produits innovants pour soigner les cas d’anémie chronique et la maladie d’Alzheimer.
Un premier ballon d’essai a déjà été lancé en Sardaigne. En 2002, deux cents pharmacies, soit 50 % des structures implantées dans l’Île de beauté italienne, ont formé un consortium. Leur objectif ? Élargir leur palette en proposant des services de dialyses, la consigne à domicile de produits pour l’alimentation artificielle, la fourniture de thérapies antalgiques. À Cagliari, les patients atteints d’accident vasculaire cérébral peuvent mesurer leur temps de coagulation sanguine en pharmacie. Les examens effectués à l’officine sont transcrits et expédiés, via Internet, dans un laboratoire spécialisé, qui envoie les résultats en une trentaine de minutes. Ce système permet de remodeler rapidement le traitement en cours et, surtout, d’éviter au malade de se fatiguer en courant d’un rendez-vous à l’autre, notent les pharmaciens ayant adhéré au consortium.
Selon la coopérative des pharmaciens sardes, cette méthode offre plusieurs avantages. D’abord au niveau des patients « nettement moins stressés que dans un centre hospitalier, la pharmacie représentant au niveau psychologique un endroit familier, donc a priori rassurant », détaille Riccardo Masiello, président de la Coopérative. Sans compter le facteur temps, les hôpitaux italiens étant littéralement saturés, d’où l’impossibilité pour les Italiens d’effectuer rapidement un contrôle médical. Côté coûts, en revanche, la situation est nettement moins avantageuse. Dans les pharmacies sardes, tout se paye. Mais, pour les habitants de Cagliari, la capitale de l’île, cela n’a visiblement pas d’importance, la plupart réclamant aujourd’hui davantage de services en pharmacie, comme la possibilité, par exemple, d’effectuer un check-up complet.
Les Italiens très demandeurs de nouveaux services.
Reste à voir toutefois comment réagiront les Italiens lorsque la réforme tournera à plein régime, la question des remboursements n’ayant pas été évoquée pour le moment. Mais il semble a priori impossible que l’État délègue une partie des compétences des centres hospitaliers aux pharmacies sans tenir compte de l’aspect économique, souligne Alfredo Romeo, médecin de quartier à Rome et beau-frère d’un pharmacien.
En attendant que les 17 617 pharmacies italiennes se mettent au goût du jour, la réforme marche à pas comptés. Dans le nord de l’Italie, à côté de Bergame, les habitants de Lurano peuvent déjà acheter des tests toxicologiques pendant le week-end, effectuer des analyses de sang rapides, retirer les résultats des examens effectués en centre hospitalier. Et aussi, prendre rendez-vous avec un spécialiste dans une structure conventionnée, toujours en s’adressant à leur pharmacien de confiance.
En parallèle, les pharmaciens interrogent les Italiens sur l’élargissement de leurs compétences. La réponse est plutôt positive. Selon une étude publiée en octobre dernier par l’université milanaise Bocconi, 55,8 % des Transalpins seraient prêts à signer un chèque pour effectuer des examens de routine en pharmacie. Enfin, 55 % des personnes interrogées proposent de placer des équipes d’infirmiers dans les pharmacies et 53,4 % évoquent la possibilité d’instaurer un système d’assistance à domicile, toujours à travers le réseau pharmaceutique, puisque l’État ne le fait pas.
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