« L'intérêt des associations Hospivia est que notre message soit mieux entendu. Notre but principal est de faire de la communication, qui nous permet de nous reprofessionnaliser dans l'offre de santé », indique Dominique Douay. Titulaire à Berck-sur-mer (Pas-de-Calais), il préside Hospivia Littoral, qui associe les pharmaciens des trois tours de garde de Berck, Montreuil-sur-mer et Étaples. Depuis début mai, et jusqu'à fin juin, les vingt pharmacies adhérentes ont monté une opération de dépistage du syndrome de l'apnée du sommeil (SAS).
« Cette apnée est souvent associée au ronflement. C'est une période de perte de sommeil non maîtrisée due à la descente de la langue dans le pharynx. Le personne s'étouffe, et se réveille, mais cela a des conséquences sur la tension, la fatigue, la déprime. Un confrère pharmacien avait jusqu'à quatre-vingt-dix apnées par heure, et pouvait s'endormir sans préavis sur son bureau, ou au volant ! »
Détecté par le pharmacien, le patient sujet sera dirigé vers son généraliste, muni d'un courrier du pharmacien, ensuite éventuellement vers un spécialiste, ORL ou pneumologue. Le traitement demande le port d'un masque relié à un appareil qui émet une pression positive d'air, évitant l'obstruction du pharynx. Une puce sur l'appareil sera lue par un ordinateur pour contrôler le bon usage du traitement.
Les vingt pharmaciens qui participent à l'opération ont auparavant reçu une formation par le Dr Sabine Tack, pneumologue dans l'unité du sommeil du groupe Hopale [qui réunit notamment les hôpitaux Calvé, Calot et l'Héliomarin, à Berck]. Ils ont ensuite repéré parmi leurs clients à l'officine les éventuels sujets et leur ont proposé un dépistage.
Suivi du patient à l'officine
Le test de détection du SAS prend peu de temps, et ne nécessite aucun geste médical, insiste Dominique Douay. Ce test d'Epworth évalue le niveau de somnolence dans la journée, dans différentes situations. Ses résultats déterminent le risque de trouble du sommeil, et le besoin éventuel d'un traitement.
« Avec un traitement, le résultat sur l'apnée, donc sur la somnolence diurne, est immédiat, mais il n'y a pas de guérison, précise Dominique Douay, puisque l'apnée provient d'un problème de conformation de la bouche, ou de relâchement des tissus, dus à l'âge, éventuellement aggravés par des excès. Mais cela reste un phénomène mécanique. »
Un traitement à vie est une aubaine pour les prestataires qui se relaient dans les couloirs des hôpitaux, estime le confrère. « Les hospitaliers n'ont pas la notion de l'utilité du pharmacien de ville, affirme-t-il, mais un immense déficit de connaissance de notre travail et de notre prestation. Il nous fallait ces relais associatifs, comme Hospivia, pour parler au nom de tous les pharmaciens, adhérents ou non. »
« Le suivi du patient est de la responsabilité du pharmacien. Nous le voyons, lui parlons, suivons les conséquences de son apnée, hypertension, fatigue, problèmes psychologiques, mais aussi le traitement grâce à la puce de son appareil. »
Hospivia Littoral avait déjà monté, en début d'année, un dépistage de la bronchite pneumopathique chronique obstructive (BPCO), qui s'est conclu par un échec relatif, « après un travail de sape des prestataires, en particulier auprès d'une stomatothérapeute qui avait squeezé les pharmaciens. Notre métier est d'être attentif à la santé des patients, mais nous devons faire des opérations spéciales sur des maladies pour le faire savoir, reprend Dominique Douay. Il nous fallait trouver des solutions pour communiquer sur le métier de pharmacien, pour nous permettre de nous recentrer sur le malade, et c'est étonnant qu'on ne l'ait pas fait avant ! »
Légende ph (JGravend) : Un simple questionnaire, qui ne demande que quelques minutes, permet à Dominique Douay de présenter au patient son risque d'apnée du sommeil
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