Vingt ans après le décret Barzach, la distribution des Stéribox en officine n’est toujours pas acquise. Pire même, selon une enquête de l’association Act-Up effectuée auprès de la quasi-totalité des pharmacies de la capitale, la situation tendrait à se détériorer.
Selon les relevés par arrondissements, 60 % des pharmacies, et même 25 % seulement dans certains quartiers, acceptent de délivrer des Stéribox aux usagers de drogue qui en font la demande. Interpellée par « ces comportements inadaptés », l’URPS pharmaciens d’Ile-de-France a rapidement réagi et a tenu à rappeler les pharmaciens à leur rôle « crucial dans la réduction des risques ». Une réduction des risques « qui renonce à l’idéal d’éradication des drogues et considère qu’il n’y a pas de solution miraculeuse. Par ailleurs, elle s’oppose à toute stigmatisation qui perpétue les stéréotypes, et marginalise les usagers en retardant leur accès aux soins ».
L’URPS s’appuie par ailleurs sur l’article R. 4235-2 du code de déontologie pour mentionner aux pharmaciens qu’ils doivent « contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale. Le pharmacien participe notamment à la lutte contre la toxicomanie, les maladies sexuellement transmissibles et le dopage ». Par conséquent, « du point de vue de la loi, le pharmacien ne peut refuser la distribution de ces dispositifs, quel que soit le nombre d'unités demandées. Il n’y a donc pas de limite de délivrance ».
Source de contamination tous les deux jours
Face aux multiples refus essuyés dans les pharmacies parisiennes, l’association Act-Up a avancé quelques explications, comme la méconnaissance des jeunes titulaires du décret Barzach qui avait lancé, en 1987, la distribution de Stéribox en même temps qu’il autorisait la vente libre de seringues en pharmacie.
Les militants n’en remarquent pas moins les dérives de certaines pharmacies. Dans de multiples cas, le prix de vente conseillé -1 euro- n’est pas appliqué. Une pharmacie de nuit a même réclamé 12 euros ! Ce constat incite l’URPS à signifier aux pharmaciens qu’au regard de l’intérêt majeur de santé publique que représente la Stéribox, il convient de s’aligner sur le prix de vente conseillé.
Le prix est du reste l’un des points de revendication d’Act-Up qui, dans une lettre ouverte à Agnès Buzyn, ministre de la santé, Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, et Anne Hidalgo, maire de Paris, exige « la distribution obligatoire et gratuite de Stéribox dans toutes les pharmacies d’Ile-de-France et dans tous les espaces proches des lieux de consommation de drogues ».
Parmi les autres revendications émises par Act-Up, l’ajout à la Stéribox d’un préservatif supplémentaire et la remise « à neuf et en fonction » des bornes d’échanges de seringues. Nombre d’automates de la Capitale sont en effet défectueux et ce dysfonctionnement incite les usagers de drogues à partager leurs seringues. Ce constat est d'autant plus alarmant que, rappelle l'association, la voie intraveineuse reste un vecteur de VIH non négligeable : 2 % des nouvelles contaminations en résultent, soit quasiment une contamination tous les deux jours.
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