UN AN APRÈS le remboursement des pilules de 3e génération, combat mené de longue date par les gynécologues, les Laboratoires Effik ont demandé une étude sur les femmes et la contraception.
L’enquête, menée par OpinionWay en janvier 2011 auprès de 500 femmes âgées de 16 à 45 ans, dont 305 sous contraception orale, montre que 61 % d’entre elles ont fait le choix de la pilule contraceptive, un choix encore plus marqué chez les 16-24 ans (88 %). Avant d’utiliser leur pilule actuelle, une femme sur trois utilisait le préservatif, une sur cinq une autre pilule. « Le pourcentage des très jeunes femmes qui prennent la pilule est en augmentation. Cela ne veut pas dire qu’elles ont une vie sexuelle précoce (…), mais qu’elles prennent moins de risque », remarque le Pr Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique au CHU de Strasbourg. En toute logique, le stérilet est davantage utilisé par les plus âgées (39 % des 35-45 ans), il est aussi beaucoup plus utilisé qu’il y a une dizaine d’années. « Les nouveaux stérilets sont pratiques, confortables et efficaces, mais ils nécessitent un examen gynécologique dont les très jeunes femmes n’ont ni envie, ni besoin. »
Finalement, parmi les utilisatrices d’une contraception orale, une femme sur quatre prend une pilule de 3e génération et 37 % sont encore sous pilule de 2e génération. Un effet du remboursement des pilules de 3e génération. Il y a un an, les gynécologues reconnaissent qu’ils prescrivaient d’autres pilules pour permettre aux femmes de bénéficier d’un remboursement, même si elle ne leur était pas la plus adaptée. Pour autant, les femmes ne savent pas, pour leur majorité de quelle génération est leur pilule. Tout ce qu’elles demandent, c’est une contraception fiable, bien tolérée et à un prix raisonnable ou remboursée. « Le coût et le non-remboursement de certaines pilules constituent un frein à une bonne utilisation et à une bonne observance. La contraception n’est pas un traitement de confort et il est parfaitement normal que toutes les pilules soient remboursées. Elles devraient même l’être à 100 % ! », selon Israël Nisand.
Le problème de l’observance.
L’enquête révèle aussi que 37 % des femmes sont fidèles à leur pilule actuelle depuis plus de 5 ans. Lorsqu’elles changent de contraception, c’est le plus souvent à la suite d’un accouchement, mais aussi à cause d’effets secondaires (prise de poids, maux de tête, saignements, problèmes de peau…) ou une tendance à oublier de prendre leur pilule. L’observance reste en effet un problème majeur : plus de la moitié des utilisatrices oublient de prendre leur pilule au moins une fois par mois. Un problème particulièrement évoqué par les jeunes femmes. « La contraception orale est la plus efficace mais, sur le terrain, ce n’est plus le cas à cause des oublis, rappelle le Pr Nisand. Parmi les 220 000 femmes qui subissent une interruption volontaire de grossesse chaque année, plus de 50 000 sont sous pilule. » L’observance reste donc le point noir de la contraception orale.
Néanmoins, 95 % des utilisatrices se disent satisfaites de leur pilule. Le premier motif de mécontentement concerne l’absence de remboursement. « Toutes les pilules sur le marché sont efficaces. La pilule est une révolution, les règles sont moins abondantes, moins longues et totalement maîtrisées. Qui aujourd’hui entend parler d’une jeune fille qui ne peut aller en cours pour cause de dysménorrhée ? Il est important de souligner les effets bénéfiques de la pilule sur le plan féminin », souligne le Dr Élisabeth Aubeny, présidente de l’Association française pour la contraception.
Le remboursement des pilules de 3e génération est donc une nouvelle victoire pour les femmes. Il reste néanmoins des progrès à faire en France, où on souffre encore d’un nombre d’IVG trop élevées, d’un manque d’information et de prévention des jeunes et de l’impossibilité légale pour une jeune fille de moins de 18 ans d’obtenir une prescription de pilules sans l’aval de ses parents (excepté dans un planning familial). Pour le Pr Nisand, c’est incompréhensible : « C’est un problème de confidentialité de la sexualité, de la vie intime. Alors que nous avons obtenu des dérogations pour le sida, les IVG et la contraception du lendemain, les jeunes filles ne peuvent prendre la pilule sans que les parents le sachent. »
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