UN DES PREMIERS ENJEUX du diabète est d’en détecter les signes précoces, notamment chez l’enfant et l’adolescent, afin d’éviter un diagnostic trop tardif à l’origine de complications sévères. Près de 2 000 jeunes déclarent un diabète de type 1 chaque année et 40 % d’entre eux sont diagnostiqués à l’occasion d’un épisode d’acidocétose qui, dans près de 15 % des cas, est sévère (risque d’œdème cérébral) et nécessite une hospitalisation. L’Aide aux jeunes diabétiques (AJD) a ainsi mené des campagnes d’information afin de sensibiliser les familles et les professionnels de santé aux signes d’alerte : polyuropolydipsie, énurésie, perte de poids› 5 %… « A ce stade, le pharmacien joue un rôle essentiel. Il doit être à l’écoute des parents et les orienter vers une consultation médicale ou, dans les cas plus graves, vers l’hôpital », explique Marina Jamet, membre du bureau national de l’UTIP.
Prévenir.
La prévalence du diabète de type 2 (DT2) est en constante augmentation : en France métropolitaine, on estime à 2,5 millions le nombre de patients atteints, soit une prévalence de 3,5 %. En raison de la morbidité et de la mortalité liées à cette affection, il est devenu urgent de s’interroger sur les possibilités de sa prévention. De nombreuses études interventionnelles ont montré l’efficacité de la prévention. En 1997, une étude réalisée dans la région chinoise du Da Quin se focalisait sur des patients en surpoids à risque de diabète. « Les auteurs montraient l’efficacité de la modification du style de vie, avec une perte pondérale assez modérée, obtenue par une activité physique régulière permettant de réduire le risque d’apparition du diabète de type 2 jusqu’à près de 50 % par rapport au groupe contrôle », indique le Pr Jean-François Gautier (hôpital Saint-Louis). Ces données ont ensuite été confirmées par les résultats de l’étude finnoise DPS (Diabetes prevention study) dans laquelle la progression de l’intolérance au glucose vers le DT2 était réduite d’environ 58 % par des conseils personnalisés d’activité physique et de diététique. Les résultats de l’étude américaine DPP (Diabetes Prevention Program) ont corroboré ces données. La réduction du risque est maintenue à distance de l’intervention.
Dans ce cadre, le pharmacien d’officine a toute sa place pour dispenser des mesures hygiéno-diététiques : activité physique (30 minutes par jour), alimentation équilibrée riche en fibres, réduction des graisses totales et saturées… Le seul interdit concerne la consommation de boissons sucrées. « Le pharmacien peut repérer les patients à risque à l’officine : tour de taille› 88 cm chez la femme et› 94 cm chez l’homme, HTA, tabac, antécédents familiaux de diabète… », souligne Bruno Maleine, pharmacien.
Le pharmacien joue, bien sûr, un rôle important dans l’explication du traitement et l’accompagnement du patient. « Il existe aujourd’hui de nombreuses classes médicamenteuses antidiabétiques ayant un impact différent et qui agissent de façon complémentaire : metformine, inhibiteurs des alphaglucosidases, sulfamides hypoglycémiants, glinides, inhibiteurs DPP-4, analogues du GLP-1. Il n’y a pas une molécule supérieure aux autres. Le choix sera adapté au patient », explique le Pr Gérard Slama (ancien chef du service de diabétologie de l’Hôtel-Dieu, Paris). Lorsque le traitement à l’insuline est instauré, le pharmacien doit alors bien expliquer les modalités d’injection et de contrôle. Il peut rassurer le patient et lui rappeler qu’il doit bien noter dans le carnet de liaison toute information qu’il juge importante.
Lever les barrières.
Enfin, un point essentiel est celui de l’éducation du patient diabétique. Plus de 60 % des patients ne suivent pas les recommandations de bon usage de l’autosurveillance glycémique et du médicament. « Jusqu’à 75 % des patients améliorent les résultats de leur glycémie dans leur carnet et 40 % inventent des valeurs fantômes », affirme le Pr Gérard Reach (CH Avicenne, Bobigny). Les facteurs favorisants la non-observance sont les suivants : sexe masculin, âge› 40 ans, traitement par ADO, diabète depuis plus de dix ans, appartenance à une minorité ethnique, faible niveau scolaire, barrière linguistique, tabac et alcool.
« Pour favoriser l’autosurveillance glycémique, le pharmacien doit conseiller le patient dans l’espace de confidentialité, l’orienter vers le bon modèle, présenter le lecteur de glycémie, les bandelettes, l’autopiqueur, lui faire comprendre que ces mesures sont utiles, lui expliquer l’HbA1c… », précise Vivien Veyrat, pharmacien d’officine, professeur associé à la faculté de pharmacie, Paris XI. Il faut également rassurer le patient sur la simplicité de l’appareil et l’absence de douleur, et choisir le modèle en fonction du profil du patient.
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