« ANNÉE DES MÉDUSES », l’expression sera bientôt à ranger au musée des idées reçues. En effet, l’idée selon laquelle les fâcheux cnidaires font leur retour tous les douze ans sur nos côtes pour un bail de cinq ou six ans, semble avoir vécu. Ainsi, pour la neuvième saison consécutive, Pelagia noctiluca a décidé d’élire domicile sur les plages de la Méditerranée. Dès la fin mai, un banc de 12 km de long et profond de 10 à 100 m a été observé au large de la Corse. Cela ne consolera personne, mais cette explosion démographique n’est pas localisée, assurent les spécialistes. Au contraire, tout semble indiquer que c’est la population mondiale de méduses qui progresse régulièrement. Deux raisons principales expliquent le phénomène : la surpêche et le réchauffement climatique.
La surpêche, en court-circuitant le cycle naturel, diminue les populations de poissons, ce qui a pour conséquence de générer une explosion de zooplancton dont raffolent les méduses. De plus, leurs prédateurs, tortues de mer, requins et thons, se faisant plus rares, les méduses peuvent pulluler plus librement. Quant au réchauffement climatique, il aurait un effet direct sur la capacité des méduses à se reproduire et favoriserait leur remontée des eaux profondes vers la surface.
D'où viennent les méduses qui déferlent sur nos côtes ? Du large, bien sûr. Mais encore ? De Ligurie, estiment les océanologues. Reste que leur parcours sinueux semble encore mystérieux, en dépit des efforts réalisés pour traquer les nuages urticants. Le projet Gellywatch d’observation satellitaire s’y essaie. Sans beaucoup de succès. Mis en place l’été dernier, la mission « Cybel » de l’observatoire de Villefranche-sur-Mer tente également de « prédire » les échouages de méduses sur nos côtes. Malheureusement, prévention et observation semblent bien impuissantes à juguler l’inexorable phénomène. Dernier recours après la cuisante rencontre ? La pharmacie, où l’on dispensera les bons conseils - laver les lésions à l’eau de mer et piéger les débris de tentacules avec de la mousse à raser ou du sable avant de racler avec un carton -, et même un répulsif anti-méduses efficace (Médusyl).
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Françoise Amouroux
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