LA COHORTE mise en place par le groupe de chercheurs CoNARTaS rassemble désormais 92 000 enfants nés d’une fertilisation in vitro (FIV) au Danemark, en Norvège et en Finlande, entre 1989 et 2007.
C’est à partir de cette mine de données que le Dr Anna-Karina Aaris Henningsen, de l’université de Copenhague, et ses collègues, ont analysé l’état de santé de plus de 62 000 enfants nés d’une grossesse unique suite à une FIV, et de près de 30 000 enfants nés d’une grossesse gémellaire. Ils les ont comparés à 362 000 enfants nés d’une grossesse unique naturelle et à près de 123 000 enfants nés d’une grossesse multiple naturelle.
Deux fois moins de prématurité.
En 20 ans, la proportion d’enfants nés avant le terme a progressivement diminué dans le groupe FIV, de même que les taux de petits poids de naissance, de morts à la naissance et de décès lors de la première année de vie.
Entre 1988 et 1992, 13 % des enfants de l’étude nés d’une grossesse unique après une FIV étaient nés avant le terme, et 3 % étaient des grands prématurés. Entre 2003 et 2007, ces taux étaient tombés à respectivement 8 % et 1,5 %. Dans le même temps, les taux de prématurités (autour de 5 %) et de grandes prématurités (moins de 1 %) étaient restés stables chez les enfants nés d’une grossesse unique naturelle. Les jumeaux nés d’une FIV ont quant à eux vu leur taux de prématurité passer de 50 à 47 % et leur taux de grande prématurité passer de 8,5 à 8,6 %. Le taux de petits poids de naissance a quant à lui été divisé par deux chez les enfants nés d’une grossesse unique suite à une FIV (de 7,6 à 3,2 %), de même que celui des morts à la naissance (de 0,6 à 0,3 %). Des évolutions similaires étaient également observées chez les jumeaux nés d’une FIV.
La politique du transfert unique.
Pour le Dr Anna-Karina Aaris Henningsen, cette amélioration de la santé périnatale résulte du recours progressif au transfert d’un seul embryon par cycle de FIV. « Le transfert de plusieurs embryons lors d’un même cycle, même si cela résulte en une naissance unique, a un impact négatif sur la santé de l’enfant. Cela augmente le risque d’intervention en cours de grossesse pour retirer des fœtus en trop », explique-te-elle. Entre 1989 et 2002, la part de jumeaux au sein des enfants nés d’une FIV est restée stable, autour de 23 %, puis a décliné pour atteindre 11,6 % en 2007, à mesure que les médecins avaient de moins en moins tendance à transférer plusieurs embryons.
Des techniques de mieux en mieux maîtrisées.
En France aussi, il est recommandé de pratiquer le transfert d’un seul embryon à la fois. Les médecins doivent d’ailleurs justifier leur décision avant de procéder à un transfert pluriembryonnaire. Selon le Pr Samir Hamamah, chef du département de Biologie de la reproduction du CHRU de Lille et directeur de l’unité INSERM U 1203, « un seul transfert sur quatre est monoélectif, mais l’avenir est au transfert monoembryonnaire pour tous. Les méthodes de vitrification en milieu fermé permettent des taux de survie embryonnaire de plus de 80 %. On peut donc faire un transfert unique en gardant d’autres embryons vitrifiés en réserve. Le problème, c’est qu’il y a encore une bonne trentaine de centres qui ne pratiquent pas la vitrification. Il faudra sans doute revoir le remboursement de cette procédure très coûteuse. » Parmi les autres pistes pour améliorer la santé périnatale, le Pr Samir Hamarah préconise le transfert des embryons aux stades J5 ou J6, afin de juger objectivement de leur viabilité. Il suggère également des tests pour évaluer la fenêtre optimale d’implantation : « dans notre service nous pratiquons une biopsie de l’endomètre pour déterminer le bon timing de transfert car la fenêtre d’implantation peut varier entre quelques jours et quelques heures selon les femmes », conclut-il.
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