L’ÉTUDE EUROPÉENNE multicentrique, prospective et bi-annuelle de prévalence ponctuelle du ClostrIdium difficile chez des patients hospitalisés souffrant de diarrhée (EUCLID) est la plus grande étude de ce type menée en Europe. Coordonnée par l’Université de Leeds (Royaume-Uni) par le groupe de recherche du Pr Mark Wilcox, avec le soutien de EUCLID Core Group, elle vise pour la première fois a évaluer l’importance de ces infections infections nosocomiales les plus communément contractées au sein des établissement hospitaliers. En effet les infections à C. difficile sont au moins deux fois plus répandue que les infections à SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) et les patients hospitalisés qui en sont atteints sont trois fois plus susceptibles de décéder à l’hôpital (ou dans le mois qui suit l’infection) que les patients non atteints.
Les premiers résultats de EUCLID ont été présentés cette semaine lors 23e Congrès européen de microbiologie et maladies infectieuses (ECCMID). Les données révèlent qu’un diagnostic erroné a pu être rendu pour plus d’un patient sur cinq hospitalisés souffrant de diarrhée et possiblement atteint d’ICD.
482 hôpitaux dans 20 pays.
L’étude a porté sur 482 hôpitaux de 20 pays européens qui ont adressé 3 920 échantillons fécaux au laboratoire national de coordination de l’étude. Chaque hôpital doit soumettre au laboratoire de coordination, les échantillons de toutes les selles de patients diarrhéiques reçues en un jour, qu’ils aient été ou non examinés au sein de l’établissement. Une recherche de C. difficile à l’aide d’un protocole standardisé est alors effectuée. Près d’un quart (24,6 %) des échantillons découverts positifs pour C. difficile n’avaient pas été testés au niveau de l’établissement d’origine. De plus, dans le cas de 47 patients (2,3 %), C. difficile avait été recherché à l’hôpital mais avec un résultat négatif erroné. L’étude révèle que seulement 10,6 % des hôpitaux ont testé tous les échantillons fécaux diarrhéiques chez les patients hospitalisés ; 27,4 % d’entre eux ont utilisé un algorithme optimisé de diagnostic d’ICD pour les tests de routine. D’importantes disparités existent entre les pays avec des taux de l’ordre de 97 % d’échantillons testés dans un pays comme la République tchèque alors que la Bulgarie affiche le taux le plus bas proche de 0 %. Au Royaume-Uni, seulment 75 % des échantillons ont été analysés « malgré les directives nationales pour tester toutes les selles molles des patients hospitalisés », s’étonnent les auteurs de l’étude.
« Ces résultats montrent qu’il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la façon dont l’ICD est actuellement testée dans les hôpitaux européens », a déclaré le Pr Wilcox. Dans cette étude, « nous avons vu que sur un seul jour, 82 patients atteints d’ICD n’ont pas été diagnostiqués en raison d’un manque de tests de laboratoire ou de suspicion clinique, et au total 246 patients ont reçu un résultat incorrect », a-t-il précisé.
Le taux moyen d’incidence des IDC en Europe a été estimé dans cette étude à 6,6 pour 10 000 journées d’hospitalisation. Ce taux est nettement supérieur aux 4,1 pour 100 000 rerouvé dans une précédente étude de surveillance paneuropéenne – l’enquête européenne sur les infections à Clostridium (ECDIS) – réalisée en 2008-2009.
Un enjeu majeur.
« L’ICD est un enjeu majeur pour la sécurité des patients et crée également un fardeau économique important pour les hôpitaux et les systèmes de santé », a rappelé le Pr Wilcox qui souligne la nécessité « de mettre en place des méthodes optimales de diagnostic, dans la mesure où des erreurs peuvent conduire au traitement inapproprié ou inadéquat des patients et à des mesures de contrôle des infections inadéquates ».
Une deuxième vague d’échantillonnages et d’essais est prévue au cours de l’été 2013. Les résultats complets devraient être disponibles en 2014.
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