CONSOMMER du complément alimentaire à visée préventive, l’idée n’est ni nouvelle, ni très surprenante. Le cocktail vitaminique a même depuis longtemps une place de choix dans le breakfast made in USA. Plus étonnante est la décision de la très sourcilleuse FDA américaine qui ouvre la voie à la prescription de certains médicaments (vous avez bien lu) à des personnes bien portantes. Soyons plus précis : le Crestor (rosuvastatine), des laboratoires AstraZeneca, vient de voir ses indications outre-atlantique étendues à des individus sans maladie cardio-vasculaire apparente, ni taux élevé de LDL cholestérol. À titre préventif donc. Totalement sains, ces nouveaux consommateurs de statine ? Pas tout à fait, car les candidats au traitement devront réunir trois facteurs de risques : l’âge (plus de 50 ans), un taux élevé de CRP (marqueur ultrasensible du risque cardiaque) et la présence d’un autre facteur de risque tel le tabagisme, l’hypertension ou des antécédents familiaux… Pour prendre sa décision, la FDA s’est appuyée essentiellement sur les résultats de l’étude JUPITER, publiés en 2008, qui montraient une réduction de 40 % de la morbimortalité cardio-vasculaire chez les sujets traités en préventif. Des résultats qu’il convient toutefois de reconsidérer en tenant compte de plusieurs éléments. Les critères d’inclusion de l’étude d’abord. À savoir, le fameux dosage de CRP ultrasensible (US) -test peu pratiqué en France-, auquel avait répondu seulement 1 patient sur 5 avant de participer à l’essai. Pour appliquer chez nous une telle indication, il faudrait donc en pratique doser systématiquement la CRP US chez les plus de 50 ans pour n’en traiter éventuellement qu’un sur 5… Par ailleurs, les effets indésirables des statines au long cours ne sont pas négligeables (troubles digestifs, induction de diabètes, syndromes confusionnels). Mais un autre paramètre pourrait définitivement convaincre les autorités sanitaires françaises de ne pas emboîter le pas de nos amis américains : la prise en charge des statines constitue l’un des principaux postes de dépenses de l’assurance-maladie. Dans ce dernier argument, le principe de précaution pourrait bien trouver ses limites.
Des statines en préventif pour les quinquas américains
Et si on se soignait avant d’être malade
Publié le 23/07/2010
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› DIDIER DOUKHAN
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2725
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