En comparaison avec sa lointaine cousine, la petite pilule bleue Viagra (sildénafil), la petite pilule rose Addyi (flibansérine), laisse le marché américain de marbre. Approuvée par l’agence américaine du médicament (FDA), le 18 août dernier (après deux précédents refus en 2010 et 2013), la molécule censée éveiller le désir sexuel féminin est disponible en pharmacie depuis le 17 octobre dernier. En un mois, Addyi n’a fait l’objet que de 227 prescriptions, à opposer aux 600 000 prescriptions mensuelles de Viagra dès son lancement en 1998. À sa décharge, la petite pilule rose cumule les obstacles, à commencer par son mode de fonctionnement. Alors que le Viagra agit sur le flux sanguin, doit être pris ponctuellement selon les besoins, et fait effet immédiatement, Addyi est un traitement au long court qui agit sur le cerveau, à prendre quotidiennement et dont les premiers effets n’apparaissent pas avant 4 à 8 semaines. Selon les études, son taux d’efficacité est de 10 %, quand celui du Viagra est de 50 %. Ses effets secondaires potentiels sont particulièrement gênants – hypotension, syncope, somnolence, fatigue, nausée – et potentialisés en cas d’absorption d’alcool, ce qui en interdit toute consommation. Les contraintes ne s’arrêtent pas là. La pilule rose a obtenu son AMM pour traiter spécifiquement les patientes non ménopausées présentant un « trouble du désir sexuel hypoactif entraînant une souffrance psychologique », trouble qui ne doit donc pas reposer sur un désordre psychiatrique ou un problème de couple. La FDA a non seulement réduit la population ciblée, mais aussi exigé que tout prescripteur soit préalablement certifié par le laboratoire fabriquant. Sprout Pharmaceuticals, racheté par le géant controversé Valeant 36 heures après l’obtention de l’AMM d’Addyi, a mis en place une procédure de certification. 5 600 médecins sont désormais aptes à prescrire la flibansérine après avoir rempli un long formulaire à renvoyer par fax… 5 600 médecins sur 35 000 gynécologues et obstétriciens et sur 435 000 médecins généralistes que comptent les États-Unis. Enfin, le prix de la pilule est d’environ 26 dollars, comme pour le Viagra, mais ce traitement au long court entraîne une dépense de 780 dollars par mois, qu’aucune mutuelle n’a souhaité prendre en charge. Or Valeant est déjà sous le feu des critiques des Américains pour les fortes hausses de prix qu’il a imposé sur des médicaments anciens.
États-Unis : les prescriptions de la petite pilule rose ne décollent pas
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Publié le 20/11/2015
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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