MAÎTRE CORBEAU, sur un arbre perché, tenait dans son bec une boîte ronde. Maître Renard, par l’enrouement gêné, lui tint à peu près ce langage… « Kof… kof… Hé ! Bonjour Monsieur du Corbeau… Kof… Kof… Que vous êtes joli… Kof, kof… Que vous me semblez beau ! » A ces mots, le corbeau se met à ricaner. Il ouvre un large bec et laisse tomber sa boîte. « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de ses cordes vocales. Prenez une pastille d’Euphon et revenez plus tard ! Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » Le Renard, honteux et confus, jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
C’est une fable comme celle-ci que l’on pourrait imaginer en regardant l’affiche publicitaire de 1988 pour les pastilles Euphon. Représentant la scène du corbeau et du renard, avec une boîte de pastilles Euphon à la place du fromage, elle précisait que le médicament était destiné à soulager les enrouements, les toux laryngées, mais qu’il était aussi le « tonique par excellence des cordes vocales ».
Recommandé pour les « travailleurs de la voix ».
« Euphon est un aliment d’entretien de la voix chez les “travailleurs de la voix”. Il supprime la sensation de sécheresse de la gorge », indiquait la publicité de 1988 pour le sirop Euphon, qui conseillait d’en prendre « 3 cuillerées à café par jour » pour cette indication. Pour les enrouements, la toux d’irritation ou les picotements de la gorge, la posologie était de « trois cuillerées à dessert par jour » et de « 3 cuillerées à potage par jour » en cas d’aphonie, trachéite ou laryngite. Quant aux pastilles, on pouvait en consommer de 12 à 20 par 24 heures.
Euphon est commercialisé pour la première fois en 1928, sous forme de sirop et de gouttes. En 1929, les laboratoires Mayoly-Spindler voient le jour. C’est Gaston Mayoly, pharmacien d’officine à Paris, qui créé l’établissement. Il le baptise en accolant au sien le nom de jeune fille de son épouse, Melle Spindler, également pharmacienne, afin de lui faire honneur et de faire plaisir à son beau-père. L’officine de Gaston Mayoly, située 1 place Victor Hugo à Paris, existe encore actuellement et s’appelle toujours pharmacie Mayoly.
Une histoire de famille.
En 1930, Gaston Mayoly installe son usine de production à Rueil-Malmaison. Il y développe des produits essentiellement à base de plantes, qu’il produisait déjà dans son officine, comme Aroma, Perubore, ou encore Borostyrol. Il y produit également les sirops Euphon, qui obtiendront leur visa en 1944, ainsi que les gouttes Euphon. Les pastilles apparaîtront plus tard sur le marché, en 1959, date d’obtention de leur Autorisation de mise sur le marché (AMM).
Gaston Mayoly décède en 1952 et ses enfants reprennent le flambeau. Puis, en 1975, les laboratoires Mayoly-Spindler sont rachetés par Jean-Marie Vernin, également pharmacien. Le laboratoire reste une histoire de famille, puisque son fils Jean-Gilles Vernin, en devient président en 1982, puis son petit-fils, Jean-Nicolas, prend la relève en 2008.
Trois sortes de pastilles.
Pendant ce temps, Euphon va subir quelques transformations. À l’origine, sa formule contient de la teinture d’aconit, qui lui confère des propriétés contre l’enrouement et les problèmes d’extinction de voix. Cependant, le laboratoire peine à trouver des matières premières remplissant toutes les normes et les qualités pharmaceutiques requises. Du fait de ces problèmes d’approvisionnement, le laboratoire doit finalement cesser de l’employer dans ses préparations. Les gouttes Euphon cessent donc d’être commercialisées en décembre 1997. Quant au sirop et aux pastilles Euphon, leur AMM est validée en 1994, avec une nouvelle formule. Entre-temps, des pastilles sans sucres ont reçu une autorisation de mise sur le marché et sont commercialisées depuis 1980. Leur AMM sera également validée avec une nouvelle formule en 1994.
Pour compléter sa gamme de pastilles, Euphon en propose au parfum menthol, qui obtiennent une AMM en 2001. Utilisées dans le traitement des maux de gorge et des petites plaies de la bouche comme les aphtes, les pastilles Euphon se déclinent donc désormais en trois couleurs, pour tous les goûts : les pastilles classiques à l’arôme orange-mandarine, dans une boîte orange ; celles au menthol, dans une boîte verte et les pastilles sans sucre, à l’arôme orange-mandarine, dans une boîte marron.
En 2006, Euphon lance un gobelet doseur pour faciliter la prise de son sirop et opte pour un nouveau packaging. En 2007, la marque est relancée grâce à la mise sur le marché du sirop 300 ml, remboursé à 35 % lors de son lancement et à 30 % depuis le printemps 2011. Indiqué dans le traitement symptomatique des toux sèches, le sirop contient de la codéine, qui bloque le réflexe de la toux, ainsi qu’un extrait de plante, l’erysimum, connue pour ses propriétés adoucissantes. En 2007, la marque adopte également une nouvelle communication. Les publicités pour les pastilles et le sirop Euphon s’articulent désormais autour d’un visage de femme grimaçant de douleur, les yeux masqués par un chapeau et le cou enroulé dans un cactus. Une manière de rappeler qu’en cas d’irritation, il y a Euphon !
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