« IL S’AGIT avant tout de dire un grand merci aux donneurs. » Le Pr Gérard Tobelem, président de l’EFS, rappelle ainsi l’une des valeurs fondamentale du don du sang en France, un don gratuit et volontaire, fondé sur le bénévolat et la générosité. Remercier les donneurs, c’est ce que permet la Journée mondiale créée en 2004 à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé et célébrée le 14 juin : en France, 1 million de malades sont soignés chaque année grâce à ces dons de sang, 3 millions de dons ont été effectués en 2010, par 1,3 million de personnes, dont 360 000 nouveaux donneurs. Mais pour couvrir les besoins des malades, 10 000 dons de sang sont nécessaires chaque jour.
Pour que le don reste un acte solidaire, gratuit, l’EFS doit continuer à assurer l’autosuffisance nationale en produits sanguins. Or, les besoins augmentent sensiblement : depuis 2001, la consommation en produits sanguins a augmenté de près de 22 %. Absence de thérapeutiques alternatives, augmentation des pathologies ayant besoin de sang, hausse du nombre de malades, en raison notamment du vieillissement de la population… autant de facteurs qui expliquent cette augmentation des besoins. « Si on ne répond pas à cette nécessité de l’autosuffisance, les besoins des malades primeront et nous serons obligés d’importer du sang, explique Gérard Tobelem. Dès lors, la valeur "générosité" serait remise en question et nous pourrions être à la merci des marchands de sang. »
Les maisons du don.
Ce défi de l’autosuffisance se traduit par deux actions concrètes, que la journée mondiale permet entre autres de mettre à l’honneur : le recrutement de nouveaux donneurs, via des échanges pédagogiques avec la population, et la fidélisation des donneurs, en conservant les exigences de qualité et de sécurité, associée à une modification de l’organisation de la collecte. Gérard Tobelem rappelle que « 75 % des dons de sang proviennent de collectes mobiles, car la France était auparavant essentiellement rurale ». « Il est aujourd’hui primordial, ajoute-t-il, que nous puissions conquérir les centres-villes, en nous mettant sur le passage des éventuels donneurs. » Un programme d’installation de maisons du don dans les villes de plus de 100 000 habitants est en cours de réalisation. Pour fidéliser, toujours, l’EFS veille à adapter les horaires d’ouverture de ces maisons, tout en améliorant les conditions d’accueil des visiteurs.
Autre défi majeur, la sécurité. « Aujourd’hui, la transfusion française est regardée par nos voisins comme un modèle, rapporte le président de l’EFS. Il faut continuer à mériter cette confiance par un travail et une attention de tous les jours. » Sécurité du matériel, des produits, mais aussi – et cela ne vient pas toujours à l’esprit – des systèmes informatiques. « L’EFS a le plus de données individuelles sur le plus grand nombre de personnes », rappelle encore le Pr Tobelem.
Enfin, troisième challenge pour aborder l’avenir avec confiance, celui de l’efficacité économique. L’EFS, né en 2000, est un service public et se doit de faire en sorte de pratiquer des tarifs raisonnables, tout en dégageant des marges pour investir. Grâce notamment au dialogue entre médecins prescripteurs et ceux qui pratiquent les transfusions, la France se situe aujourd’hui en fin de peloton pour la consommation de produits sanguins en Europe. En outre, les tarifs sont relativement bas par rapport à ce qui se pratique chez nos voisins européens.
Une situation que l’EFS entend bien continuer à maintenir, en comptant sur l’investissement des donneurs ainsi que sur celui de son personnel : près de 9 800 collaborateurs, répartis dans 17 établissements régionaux, dont trois outre-mer. Des personnels mobilisés pour la Journée mondiale, avec 300 lieux de collecte dans le pays et l’installation d’un village scientifique à Paris. « Chaque année, 500 000 patients ont eu la vie sauve ou améliorée grâce aux produits sanguins, et 500 000 autres grâce aux médicaments dérivés du sang », conclut Gérard Tobelem.
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