Prontalgine, Claradol codéine, Doliprane codéine, Klipal codéine, Néo-Codion, Poléry, Tussipax, Eucalyptine Le brun… plus d’une trentaine de spécialités en comprimés ou sirop renfermant de la codéine sont disponibles sans ordonnance en pharmacie… Et ces médicaments en vente libre sont parfois détournés par les jeunes qui en font un usage récréatif, mais dangereux.
« Depuis le début de l’année, cinq intoxications dont deux décès ont été rapportés avec des médicaments renfermant de la codéine chez des préadolescents ou adolescents », avance l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui précise que ces chiffres ne sont pas exhaustifs. « Il est fort probable qu'il y ait d'autres cas, pas déclarés », souligne Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l'ANSM chargé des antalgiques et des stupéfiants.
Pétition pour un délistage
Dernière victime en date : Pauline, 16 ans, une jeune fille sans problème, brillante élève de première S, qui est décédée le 2 mai 2017 après 10 jours de coma, conséquence d’une overdose aux opiacés après ingestion de quelques comprimés de Padéryl, Klipal et Tramadol, ce dernier étant le seul à être listé. Cela faisait un an que la jeune fille utilisait ces produits à des fins récréatives, sans avoir éveillé de soupçons chez ses parents. Sa maman témoigne dans le journal « Le Parisien » et lance une pétition sur change.org afin de demander au gouvernement d'interdire la vente de codéine sans ordonnance. Pour Jean Lamarche, pharmacien et président de Croix verte et ruban rouge (association de pharmaciens pour la prévention des toxicomanies et du sida), il faut même aller plus loin, et « placer la délivrance de la codéine sous ordonnance sécurisée, car les jeunes auront vite fait, sinon, de faire des fausses ordonnances ». Le pharmacien soulève également la problématique de la vente sur Internet de ces produits, qui est discrète et facile.
Un appel à la vigilance
L’ANSM, qui avait alerté en 2014 sur le mésusage du dextrométhorphane et en 2016 sur le mésusage de la codéine, constate que, malgré ces alertes, le phénomène persiste, et a touché depuis le début de l’année 5 jeunes sans aucun problème connu. Elle annonce « réfléchir aux différents leviers juridiques réglementaires » pour limiter l'accès à ces médicaments disponibles aujourd’hui sans ordonnance. L'ANSM va également lancer « une étude spécifique sur ce phénomène auprès des pharmacies et des services d'urgences pédiatriques afin de mieux connaître la typologie des usages détournés et leurs conséquences sanitaires ». Enfin, l’ANSM renouvelle un appel à la vigilance des pharmaciens, rappelant qu'ils « peuvent refuser une vente quand ils jugent que la délivrance du médicament peut avoir des conséquences sanitaires ». Elle souhaite en outre sensibiliser les professionnels de santé en contact avec des adolescents, ainsi que les enseignants.
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