Des alternatives trop chères selon les gynécos

Fin du Cytotec : un surcoût qui passe mal

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Publié le 05/03/2018
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Depuis jeudi dernier, le Cytotec n'est plus commercialisé en France. Principalement utilisé en gynécologie, il est remplacé par d'autres médicaments dans l'IVG et le déclenchement de l'accouchement. Mais les gynécologues déplorent le prix de ces alternatives.
med cytotec

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Crédit photo : phanie

Comme annoncé par le Laboratoire Pfizer, l'antiulcéreux Cytotec (misoprostol 200 µg), utilisé dans 94 % des cas hors AMM en gynécologie, n'est plus commercialisé en France depuis le 1er mars. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a sollicité les fabricants de MisoOne (misoprostol 400 µg - Nordic Pharma) et Gymiso (misoprostol 200 µg - Amring) pour qu'ils augmentent leur production afin de répondre à la demande qui ne sera plus honorée par Pfizer pour l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Les laboratoires ont répondu présents mais le prix de leurs spécialités est plus élevé que le Cytotec. Pour ce dernier, la boîte de 17 comprimés coûtait aux alentours de 17 euros, alors que la boîte de 2 comprimés de Gymiso ou de 1 comprimé de MisoOne tourne autour de 14 euros. Le Collège national des gynécologues-obstétriciens (CNGOF) déplore, dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn que les remplaçants du Cytotec coûtent « près de 20 fois plus cher », ce qui va entraîner « plusieurs millions » de dépenses supplémentaires pour les hôpitaux.

Pas de tension économique

Interrogé par l'AFP, le directeur de l'ANSM Dominique Martin explique que « tout le monde est d'accord pour que l'on arrive à terme à des coûts plus raisonnables » et que l'ANSM a cherché des génériques du Cytotec ailleurs en Europe, sans en trouver étant donné le prix particulièrement bas du princeps. Il estime que les mesures alternatives mises en place par l'Agence pour assurer la continuité des soins, devraient entraîner une renégociation à la baisse des prix actuels. Lors d'un précédent point presse, Dominique Martin avait tenu à rappeler que « le forfait de l’IVG médicamenteuse est d’ailleurs calculé en fonction du prix du Gymiso et non en fonction du prix du Cytotec ; on ne crée donc pas de tension économique ».

Voie orale

Les mesures de l’ANSM pour assurer la continuité des soins après la disparition de Cytotec comprennent également deux recommandations temporaires d’utilisation (RTU) dans l’interruption médicale de grossesse, la mort fœtale in utero et la fausse couche spontanée pour MisoOne et Gymiso. Dans le déclenchement du travail lors d’un accouchement, une AMM a été octroyée à Angusta (misoprostol 25 µg) à la mi-janvier. Son dossier doit encore passer devant la commission de transparence et le Comité économique des produits de santé (CEPS) avant d’arriver sur le marché. Cette spécialité s'ajoutera aux alternatives existantes (Prepidil Intracervical, Propess et Prostine), mais Augusta sera le seul traitement par voie orale.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3416