« NOUS SAVIONS que des variants génétiques au locus 9p21 majoraient le risque de maladie cardiaque pour les individus portant ces variants. Mais ce fut une surprise de découvrir qu’une alimentation saine peut considérablement atténuer cet effet », souligne le Dr Jamie Engert, chercheur à l’université McGill (Canada), qui a codirigé cette étude réalisée dans le cadre d’une collaboration internationale de chercheurs.
La maladie cardio-vasculaire, comme tant d’autres maladies courantes, est causée par une interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux (alimentation, exercice physique, tabagisme).
Des variants génétiques associés à un risque accru de maladie cardio-vasculaire ont été identifiés récemment. L’une des associations les plus robustes concerne un groupe de variants (ou SNP) dans la région chromosomique 9p21. Ces associations ont surtout été étudiées dans la population européenne. De plus, l’interaction de ce locus avec les facteurs environnementaux n’a pas bien été explorée.
Quatre variants dans cinq ethnies.
Dans une étude publiée par « PLoS Medicine », Do et coll. ont étudié l’association du locus 9p21 avec l’infarctus du myocarde (IM) chez des individus de différentes origines ethniques, puis ils ont cherché à savoir si ces associations génétiques peuvent être influencées par des facteurs environnementaux.
En pratique, ils ont étudié quatre variants à risque du locus 9p21 chez les participants de l’étude INTER-HEART, soit 8?114 personnes (3 820 cas d’IM aigu, 4 294 témoins) de cinq origines ethniques (européenne, sud-asiatique, chinoise, latino-américaine et arabe).
Leurs résultats confirment que les quatre variants sont associés à l’IM, augmentant le risque de 20 % environ. Toutefois, l’effet des variants sur l’IM est influencé par une consommation abondante de fruits et
légumes, telle qu’elle est enregistrée dans un questionnaire de
fréquence alimentaire.
La plus forte interaction était observée pour un variant SNP nommé rs2383206. Cependant, tandis que les porteurs de ce variant qui mangeaient peu de fruits et légumes avaient un risque accru d’IM comparés à ceux qui ne portaient pas ce variant et avaient la même alimentation faible en fruits et légumes, ceux qui avaient une alimentation riche en fruits et légumes avaient le même risque d’IM, qu’ils portent ou non le variant.
Plus de cinq portions par jour.
Globalement, la combinaison de deux copies du variant à risque et une alimentation faible en fruits et légumes était associée à deux fois plus de risque d’IM.
De plus, les chercheurs ont analysé plus de 19 000 individus finlandais (dont 1 014 cas de maladie cardio-vasculaire) de l’étude prospective FINRISK et ont constaté une interaction similaire entre l’alimentation et les variants du locus 9p21.
« Nous avons observé que l’effet d’un génotype à haut risque peut être réduit en consommant une alimentation riche en fruits et légumes. Nos résultats soutiennent la recommandation de santé publique qui préconise de consommer plus de cinq portions de fruits ou légumes afin de promouvoir une bonne santé », souligne le Dr Sonia Anand, chercheuse à l’université McMaster de Hamilton (Canada).
« De futures études sont nécessaires pour comprendre le mécanisme de cette interaction, ce qui éclairera les processus métaboliques sous-jacents à l’effet du gène 9p21 », fait entrevoir le Dr Ron Do (auparavant à l’université McGill et maintenant au Massachusetts General Hospital de Boston).
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