Chez le fumeur, le manque de nicotine entraîne des difficultés d’endormissement, un raccourcissement de la durée du sommeil et un plus grand nombre d’éveils nocturnes. Si le sommeil est perturbé lors des premiers jours du sevrage à cause du manque, la qualité du sommeil s’améliore ensuite, avec moins d’insomnies, un allongement de la durée du sommeil et une disparition de la somnolence diurne. Certaines études ont montré que le tabagisme aggravait le ronflement, chez des fumeurs aussi bien actifs que passifs. Cette relation serait due à l’irritation et à l’inflammation des voies aériennes supérieures.
Anomalies et troubles respiratoires du sommeil sont majorés chez les enfants asthmatiques exposés au tabagisme passif, même lorsque l’asthme est équilibré. Mécanisme inflammatoire, aggravation des symptômes de l’asthme ou effet de manque pourraient être en cause.
SAOS plus sévère et plus précoce
Une méta-analyse de 2018 n’a pas trouvé de relation entre tabagisme et syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), mais son faible niveau de preuve ne permettait pas réellement de conclure (1). Globalement, « les gros fumeurs actifs ont des SAOS plus sévères, qui surviennent plus précocement, leur gravité étant corrélée à l’importance du tabagisme », selon le Dr Kamal Abou Hamdan (Luxembourg). Il est probable que les effets indirects du sevrage sur la morbidité respiratoire et l’amélioration du sommeil soient bénéfiques pour les SAOS.
La littérature n’est pas non plus très explicite en ce qui concerne la comparaison entre fumeurs et non-fumeurs quant à l’appareillage. On sait que les fumeurs qui ont un SAOS plus sévère perçoivent mieux les bénéfices de la pression positive continue (PPC) que ceux qui ont un SAOS léger.
Prise de poids et addiction
La potentielle prise de poids lors du sevrage, de 2 à 3 kg en moyenne (mais supérieure à 10 kg dans 10 % des cas), aggrave incontestablement les apnées du sommeil. Il faut donc être encore plus vigilant chez ces patients, et il est parfois nécessaire d’adapter la PPC . Et, lorsqu’on envisage l’arrêt du tabac chez un fumeur, il faut toujours l’interroger sur l’existence d’apnées du sommeil, qui peuvent augmenter l’addiction au tabac. Celles-ci entraînant asthénie et somnolence diurne, les patients consomment plus de nicotine pour améliorer leur vigilance. Ces sujets sont aussi souvent atteints de dépression et de troubles de l’humeur, améliorés par la nicotine. En traitant le SAOS, on peut probablement améliorer les symptômes de manque.
Entretien avec le Dr Kamal Abou Hamdan, centre hospitalier de Luxembourg au 12e Congrès de la Société francophone du tabagisme.
(1) Taveira KVM et al. Association between obstructive sleep apnea and alcohol, caffeine and tobacco: A meta-analysis. J Oral Rehabil. 2018 Nov;45(11):890-902
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