Quelques rappels physiopathologiques d’abord. Le corps humain héberge deux types de graisses : la blanche et la brune.
La graisse brune est dite thermogénique pour sa capacité à brûler les calories. Elle est notamment très utile aux mammifères qui se préparent à l’hibernation. Son homologue blanche est beaucoup moins désirable - surtout pour les personnes en quête d’amaigrissement - car elle ne fait que stocker les calories. Par conséquent c’est elle que les médecins désignent comme responsable des maladies cardio-vasculaires, du diabète de type 2 et de l’obésité.
Remplacer la graisse blanche, néfaste à l’organisme, par de la graisse brune, bénéfique, telle est l’idée qui a germé dans l’esprit de chercheurs de l’université de Berkley en Californie (États-Unis). Leurs travaux, menés chez la souris, visaient à recréer des cellules graisseuses brunes artificielles et à les implanter sur les rongeurs. Au contraire de la liposuccion, qui retire du tissu graisseux, l’opération est donc, en quelque sorte, une lipo-injection.
Mais avant de procéder à l’injection, les scientifiques ont dû « fabriquer » des cellules de graisse brune (en fait des cellules dites beiges) en travaillant sur des cellules souches obtenues à partir de cellules de graisse blanche. Contrairement aux cellules brunes, qui se forment à la naissance, les cellules beiges ne sont autres que des cellules blanches devenues consommatrices d’énergie.
Graisse beige amaigrissante
Techniquement, les chercheurs ont placé des cellules souches blanches sur une structure miniature : un filet serré d’hydrogel souple en 3D, comprenant de l’acide hyaluronique et de courtes séquences de protéines, capables d’encourager la croissance de cellules adipeuses beiges et de doper le métabolisme. Ils ont ensuite injecté cette structure sous la peau de souris génétiquement identiques, où le gel a polymérisé en transformant les cellules blanches en cellules beiges. Résultat ? La température corporelle des souris ayant reçu l’implant de cellules beiges s’est élevée d’un demi-degré Celsius. Mieux encore, lorsque les deux groupes de rongeurs (groupe témoin et groupe essai) ont reçu une alimentation enrichie en graisse, les souris à graisse beige ont pris deux fois moins de poids que les autres et affiché une glycémie plus basse. Résultat prometteur… pour les souris.
Une autre méthode d’amaigrissement, moins invasive et exploitant le même mécanisme d’action, est, elle, déjà testée sur l’homme. Après des essais concluants sur la souris, où l’administration au long cours de sildénafil (Viagra) avait entraîné une protection relative contre l’obésité, des chercheurs allemands (Bonn) ont montré, toujours chez la souris, que le Viagra transformait une partie de la graisse blanche en graisse beige. Partant de ce constat, une équipe de l’hôpital de Wuhan (Chine) teste actuellement chez l’homme l’hypothèse du Viagra amaigrissant, contre placebo, à raison de 3 comprimés par jour pendant une semaine. La difficulté sera peut-être dans l’interprétation des résultats : devra-t-on la perte de poids au mécanisme métabolique ou à la suractivité sexuelle ?
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