« JE DISCUTAIS avec le directeur du Muséum d’histoire naturelle du Danemark, le Dr Morten Meldgaard, lorsque nous avons engagé une conversation sur le peuplement de l’Arctique. Meldgaard, qui avait participé à plusieurs fouilles au Groenland, me parle alors d’une touffe de cheveux, découverte lors d’un chantier dans le nord-ouest de cette région dans les années 1980 et conservée au Danemark. » Ainsi commence la fabuleuse histoire d’Inuk, l’homme du Groenland, appartenant au peuple Saqqaq,
le premier à s’être installé, il y a 4 000 ans, dans ce nouveau monde que constituait l’Arctique.
Du mammouth à l’homme. Le scénario rivaliserait presque avec celui de Steven Spielberg et son Jurassic Park, si ce n’est qu’il ne s’agit pas d’une fiction. « Pour la première fois, nous sommes parvenus à reconstituer le génome complet d’un humain d’une espèce complètement disparue », explique le Pr Eske Willerslev, 38 ans, l’auteur de cet exploit, celui-là même qui fut mis sur la piste de cette découverte par le directeur du Muséum d’histoire naturelle. Une fois les autorisations obtenues, ce spécialiste du Centre of Excellence in GeoGenetics et son équipe ont en effet tenté d’analyser ces quelques cheveux emprisonnés dans le permafrost du Groenland. Mais il aura fallu la collaboration d’une équipe internationale de scientifiques de l’université de Copenhague et de Chine et le soutien de fonds privés pour que l’entreprise aboutisse. « Des tentatives avaient déjà été faites pour reconstruire le génome d’un mammouth mais la séquence obtenue était pleine de trous et d’erreurs du fait la mauvaise qualité de l’ADN et parce que la technique n’était qu’à ses débuts », souligne le chercheur. Les nouvelles méthodes permettent d’analyser n’importe quel matériel organique (os ou cheveu), même non congelé ou préservé dans le permafrost.
Groupe sanguin. Près de 80 % du génome a ainsi pu être décrypté en quelques mois, puis complété à partir d’une analyse des parties lésées. Les chercheurs ont ensuite pu, à partir de cette séquence, fournir une description du phénotype de cet homme, vieux de 4 000 ans. Inuk (homme en Groenlandais) était un homme aux yeux bruns, à la peau sombre, de groupe sanguin A+, avec une tendance à la calvitie. Par ailleurs, il était génétiquement adapté aux températures froides. Les chercheurs ont pu établir, grâce à l’étude des polymorphismes SNP, que les ancêtres d’Inuk étaient venus de
Sibérie entre 4 400 et 6 400 ans, au cours d’un mouvement migratoire indépendant de celui qui a conduit les Amérindiens et des Inuits dans le Nouveau Monde. « Inuk est donc plus proche des populations qui vivent dans le nord-est de la Sibérie que des Inuits qui vivent aujourd’hui dans les régions arctiques », soulignent les auteurs. Ils tiennent à rassurer quant au devenir de l’ADN : « Le génome que nous avons reconstitué ne deviendra pas un monstre de Frankenstein. C’est comme si nous avions les plans de la maison, mais que nous ne savions pas comment la construire. »
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