Le Quotidien du pharmacien. Avec une implication de plus de 40 ans dans les soins de premier secours, quelle est votre vision de leur évolution à l’officine ?
Jean Occulti. J’ai débuté dans les premiers secours avec des associations de sécurité civile, avant même d’être pharmacien, je n’ai jamais arrêté. J’ai eu l’opportunité d’être formateur aux premiers secours dans une école de préparateurs à Paris, ce qui a fait germer l’idée des formations pour les pharmaciens. La toute première a vu le jour en 1998, qu’il a fallu faire agréer par les différents organismes. Auparavant, il n'existait que des formations initiales dans certaines facultés, et à caractère facultatif. Mais ce qu’on appelait jusqu’alors le secourisme faisait sourire. Les choses ont véritablement changé en 2007 avec la mise en place, au cours du 1er cycle des études de pharmacie, de la formation obligatoire aux gestes et soins d’urgence destinée aux professionnels de santé.
Quelle est la différence entre cette formation dédiée aux professionnels de santé et celle proposée au grand public ?
La formation s’adapte au public. Pour le pharmacien d’officine, elle prend en compte ses connaissances, elle justifie les gestes à effectuer, ce n’est pas que de l’apprentissage de conduites à tenir réflexes. De plus, elle intègre le fait que l’officine est un lieu de premier recours qui possède un peu de matériel de secours, des médicaments, des dispositifs médicaux, idéalement il y a un défibrillateur, il est possible d’y trouver des masques de poche pour la ventilation artificielle, voire un insufflateur à usage unique. Le pharmacien apprend aussi à faire face à des situations exceptionnelles comme l’afflux massif de victimes : accident toxicologique, radioactif, incendie, risque biologique majeur. Le but est qu’il soit capable, dans l’urgence, de mettre en place des règles de priorisation, de réaliser une alerte intelligente, de procéder à des mesures de protection allant du confinement au port de masques, etc.
Estimez-vous aujourd’hui que les confrères sont bien formés aux premiers secours ?
La formation est adaptée, elle n’est pas que théorique et fait la place aux simulations. Par exemple, pour traiter des brûlures ou des plaies, on propose des simulations avec du maquillage. Par le passé, les pharmaciens envoyaient les patients chez le médecin mais, dans certaines zones, il n’y en a plus ou trop peu. Je pense par exemple à des confrères dans des zones isolées qui réalisent certains actes en tenant compte du temps d’intervention des secours. Avec la mise en place du SAMU au début des années 1970 et jusqu'au début des années 2000, l’ensemble des professionnels de santé ne s’est plus senti aussi concerné par les soins de premiers secours. Or nous avons non seulement un devoir d’assistance, mais certaines urgences comme l’arrêt cardiaque demande une intervention immédiate. Les personnes qui survivent à un arrêt cardiaque sont celles pour qui les premiers témoins ont fait les premiers gestes avant l'arrivée des secours.
* Formateur relais aux gestes et soins d’urgence, il a coécrit les dernières éditions de « L’Urgence à l’officine » et « Urgences pédiatriques à l’officine ». Membre de la Croix Rouge à 18 ans et formé au métier de sapeur-pompier pendant son service militaire, il a reçu le prix 2009 du Cespharm pour son implication dans les soins de premier secours.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques