LA PERTE DES CELLULES bêtapancréatiques sécrétant l’insuline est un déterminant majeur dans la pathogenèse des diabètes de type 1 et 2. Des traitements permettant de reconstituer la masse des cellules bêta chez les diabétiques pourraient restaurer le contrôle normal de la glycémie. À l’âge l’adulte (rongeurs et humains), les nouvelles cellules bêta sont générées principalement par division (mitose) à un rythme très faible. Toutefois, elles sont capables d’augmenter leur activité de réplication, au cours de situations de croissance compensatrice, pour faire face aux besoins accrus de l’organisme en insuline dans certains contextes, comme la gestation et l’insulinorésistance.
Des travaux ont suggéré que le foie pourrait produire un signal pour la prolifération des cellules bêta. Afin d’identifier ce signal, Douglas Melton et Peng Yi (Cambridge, États-Unis) ont développé un modèle murin d’insulinorésistance aiguë, dans lequel l’administration d’un antagoniste du récepteur à l’insuline induit une prolifération rapide et spectaculaire des cellules bêta et une augmentation de leur masse. En utilisant ce modèle, ils identifient un seul gène, baptisé bêtatrophine, dont l’expression s’élève dans le foie (4 fois plus) et dans la graisse (3 fois plus), mais non dans le muscle squelettique ou les cellules bêtapancréatiques.
Chez l’homme, la bêtatrophine est exprimée principalement dans le foie et elle peut être détectée dans le plasma, ce qui démontre que cette protéine endogène est bien sécrétée in vivo.
Les chercheurs ont vérifié que l’expression de la bêtatrophine est corrélée à la prolifération des cellules bêta dans d’autres modèles murins d’insulinorésistance et durant la gestation.
Enfin, l’injection de l’ADN bêtatrophine dans le foie des souris augmente spécifiquement la réplication des cellules bêta (17 fois plus) en quelques jours, augmente la masse des cellules bêta et améliore la tolérance au glucose.
Des perspectives thérapeutiques.
Cette découverte ouvre la perspective d’un traitement par la bêtatrophine.
« Si la bêtatrophine pouvait être utilisée chez les patients, cela pourrait éventuellement signifier qu’au lieu d’injecter l’insuline 3 fois par jour, on puisse injecter cette hormone une fois par semaine ou une fois par mois, voire même dans le meilleur des cas une fois par an », souligne le Dr Doug Melton, codirecteur du Harvard Stem Cell Institute. « En administrant cette hormone aux diabétiques de type 2, ils pourraient augmenter leurs propres cellules productrices d’insuline, et ceci ralentirait, voire arrêterait, la progression de leur diabète. Je n’ai jamais vu de traitement causant un tel bond dans la réplication des cellules bêta ».
Cette formidable perspective suscite un vif intérêt. L’équipe de Harvard collabore maintenant avec une compagnie de biotechnologie allemande (Evotec) avec 15 chercheurs travaillant sur la bêtatrophine, et la licence d’exploitation commerciale a été attribuée à Janssen Pharmaceuticals .
S’il est clair que des recherches supplémentaires sont nécessaires, le Dr Melton estime que des essais cliniques de bêtatrophine pourraient débuter dans 3 à 5 ans, un délai extrêmement court comparé au cours normal de découverte et développement d’un médicament.
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