« Nos résultats montrent pour la première fois que la durée du traitement par les antiviraux d’action directe (AAD) peut être réduite à 6 ou 8 semaines chez 50 % des patients, ceci en appliquant un modèle de « traitement guidé par la réponse » sur la base d'une modélisation mathématique en temps réel de la cinétique virale sous traitement », explique au « Quotidien » le Dr Ohad Etzion du Centre Médical Universitaire Soroka en Israël, un des 2 premiers co-auteurs de l’étude avec le Pr Harel Dahari, chercheur à l’Université Loyola de Chicago aux états-Unis. « Il serait possible d'économiser jusqu'à 20 % du coût des médicaments pour traiter l'hépatite C », estime pour sa part le Pr Dahari.
Les résultats de l’étude pilote visant à valider le concept ont été présentés au Congrès annuel de l’American Association for the Study of Liver Diseases (San Francisco).Les antiviraux d’action directe (AAD) ont bouleversé le traitement de l’hépatite C. Les différentes combinaisons d’AAD permettent d’obtenir plus de 95 % de guérison, avec une bonne tolérance et des durées de traitement qui varient entre 8 à 24 semaines, en fonction des populations de patients et des combinaisons. La majorité des patients reçoivent un traitement de 12 semaines. Toutefois, le prix du traitement reste élevé.
Objectif de réduction de la durée du traitement
Dans une étude pilote, Etzion et coll. ont évalué de façon prospective une approche personnalisée du traitement, visant à réduire si possible la durée du traitement en se reposant sur une modélisation de la réponse virale chez le patient. Les résultats portent à ce jour sur 22 patients, ayant différents génotypes (G1b, G3, G1a, G2…) et traités avec une des 4 combinaisons suivantes : Epclusa (association sofosbuvir/velpatasvir) chez 41 %, elbasvir/grazoprevir chez 31 %, sofosbuvir/ledipasvir chez 27 %, et Maviret (glecaprevir/pibrentasvir) chez 5 %.La charge virale a été mesurée initialement, puis au 2e jour (J2) et à 1, 2 et 4 semaines (S1, 2,4) après le début du traitement. Une modélisation mathématique de la cinétique virale a été réalisée entre 2 à 4 semaines du traitement dans un objectif de prédiction de la durée optimale du traitement pour obtenir une guérison, c’est-à-dire une éradication complète du virus de l'hépatite C (VHC).
Modéliser la cinétique virale
Cette modélisation a permis de prédire que la durée pouvait être réduite à 10 semaines pour 1 des 22 patients (5 %), à 8 semaines pour 8 patients (36 %) et à 6 semaines pour 2 patients (9 %). Les autres patients (50 %) devaient être traités pendant 12 semaines. Tous les patients présentaient une guérison virologique à la fin du traitement ; après un suivi de 1 à 3 mois après la fin du traitement, un seul patient a rechuté (homme sans cirrhose, traité par Epclusa pendant 6 semaines) et il présentait le génotype 3, la forme la plus difficile à traiter.« Nous montrons que le traitement peut être écourté chez les patients qui ont des génotypes 1a, 1b et 3, et qui sont affectés de fibrose avancée. L’application de cette approche à une plus grande échelle pourrait engendrer d’importantes économies et élargir l’accès au traitement à davantage de patients », souligne le Dr Etzion.
« Notre prochaine étape consistera à valider ces résultats dans une étude multicentrique internationale de 300 patients en Israël, Europe et aux États-Unis, qui débutera au premier trimestre 2019. Nous encourageons les chercheurs intéressés par la participation à cette étude à nous contacter », précise le Dr Etzion.
Etzion et al., Congrès Annuel de l’American Association for the Study of Liver Diseases à San Francisco, 1 212 novembre 2018. Dr Etzion : ohadet@clalit.org.il ; Dr Shlomai : shlomaiamir@gmail.com
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