LA TOMOSYNTHÈSE est une technique qui consiste à produire une image 3D à partir d’une série de clichés tomodensitométriques pris par un capteur circulant autour du sein. Cette technique émerge depuis deux ou trois ans, principalement poussée par des fabricants d’échographes comme Hologic, qui est d’ailleurs le sponsor de l’étude. Il y a deux manières d’employer la tomosynthèse : la première consiste à l’associer à deux clichés de mammographie classique, en incidences faciale et médiolatérale oblique, tandis que la seconde consiste en un seul balayage de l’ensemble du sein suivi d’une reconstitution des clichés en deux dimensions. Dans l’article publié dans le JAMA par Sarah Friedwald de l’hôpital général luthérien de Park Ridge, dans l’Illinois, et ses collègues c’est la deuxième solution qui a été comparée à la mammographie 2D habituelle sur plus de 450 000 examens, dont près de 174 000 étaient une combinaison de mammographie en deux dimensions et d’une mammographie 3D par tomosynthèse.
Une augmentation de 41 % du taux de détection.
La combinaison de la mammographie 3D et 2D classique augmentait de 41 % le taux de détection de tumeurs invasives, et diminuait de 15 % le risque de réexamen. En outre, il y avait une augmentation de 29 % des détections des cancers du sein en général, qu’ils soient invasifs ou in situ. Menée sur plus de 450 000 examens, dont près de 174 000 étaient une combinaison de mammographie en deux dimensions et d’une mammographie 3D par tomosynthèse.
Les auteurs ont relevé qu’il fallait convoquer une patiente pour un examen complémentaire dans 10,7 % des cas après une mammographie 2D seule, et dans 9,1 % des cas après une association des deux examens. Sur 1 000 examens pratiqués, 4,2 ont débouché sur un diagnostic de cancer dans le groupe mammographie 2D seule et 5,4 dans le groupe qui combinait examen 2D et 3D.
Réduire le risque de faux positifs.
Selon un spécialiste consulté par le Quotidien, l’avantage de l’échographie 3D, est qu’elle fait la part des choses entre une lésion suspecte et une opacité créée par la simple superposition de tissus normaux, ce qui arrive fréquemment dans un milieu aussi dense que le parenchyme mammaire. La tomosynthèse doit donc théoriquement évacuer les principaux reproches formulés à l’encontre de la mammographie : son taux élevé de faux positifs et de biopsies inutiles.
La FDA semble plus confiante que la DGS.
Si la Food and drug administration (FDA) américaine a autorisé l’utilisation de la tomosynthèse dans le dépistage du cancer du sein, ce n’est pas encore le cas en France. Lors d’une réunion qui s’est tenue au siège de la Direction générale de la santé (DGS) lundi, il a été rappelé que la mammographie 3D par tomosynthèse n’était pas agréée pour être utilisée en France dans le cadre du dépistage du cancer du sein.
On estime en effet qu’il y a encore trop peu d’études solides pour peser l’intérêt de cette méthode compte tenu des doses de rayonnement supplémentaires : trois faibles doses au lieu de deux pour un examen classique. Les spécialistes pointent aussi du doigt l’absence de protocole européen de contrôle. Les échographes doivent en effet être contrôlés tous les six mois.
Une première étude importante avait déjà été publiée dans la revue Radiology en 2013, signée par Per Skaane, de l’hôpital universitaire Ullevaal à Oslo. Les auteurs avaient calculé que la combinaison des mammographies 2D et 3D augmentait de 40 % de la détection des cancers du sein invasifs, et de 27 % celle de tous les cancers, avec une diminution de 15 % des taux de faux positifs. Cette étude avait été menée sur 12 000 patients d’un hôpital norvégien. Or, le programme de dépistage du cancer du sein français est bien plus complet que celui appliqué en Norvège, et bénéficierait peut-être moins de l’arrivée d’un matériel plus sophistiqué.
Dans un éditorial accompagnant la publication, Etta Pisano de l’université de Toronto s’interroge sur la pertinence de remplacer la mammographie classique par la tomosynthèse. « Les centres de dépistage du cancer du sein doivent-ils se convertir à la tomosynthèse ? Malgré les résultats prometteurs de ces travaux, la réponse reste incertaine. Le fait que l’étude de Sarah Friedewald ne soit pas randomisée et qu’elle ne bénéficie pas d’un long suivi limite sa capacité à donner une estimation définitive du taux de faux positifs » explique-t-elle.
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