EN 2010, 13,4 % des Français déclarent avoir déjà utilisé des UV artificiels au moins une fois au cours de leur vie et pour 3,5 % au cours des douze derniers mois, selon le baromètre cancer 2010 présenté dans le « BEH » (Christophe Léon et coll.). L’enquête réalisée auprès de 3 359 personnes âgées de 15 à 75 ans, entre avril et août 2010 montre que la pratique du bronzage artificiel concerne surtout les femmes et les populations jeunes, en particulier les 20-25 ans.
Près de la moitié des personnes
interrogées dans le baromètre (49,2 %) se sentent bien informées sur les risques de cancer associés aux UV. Pourtant, « toutes les campagnes d’information et de prévention semblent malheureusement vouées à l’échec », déplorent les deux académiciens Jean Civatte et Jacques Bazex, qui signent l’éditorial. Selon eux, deux faits viennent réduire l’impact de ces campagnes : la « promotion commerciale agressive » menée par les associations des professionnels du bronzage et la « réglementation peu contraignante » de cette activité qui se déroule principalement dans les salons esthétiques et les centres de bronzage. L’équipe dirigée par Mathieu Boniol (International Prevention Research Institute, Lyon) a entrepris de quantifier l’impact de l’exposition aux UV artificiels sur l’incidence des mélanomes cutanés en France et sur la mortalité, à partir du baromètre cancer 2010 et d’après les risques de la plus récente métaanalyse (2006). Les chercheurs estiment que 4,6 % des cas de mélanomes cutanés, soit 347 cas annuels, sont attribuables à l’utilisation des cabines de bronzage. En supposant que « les cas induits par les cabines de bronzage ont le même pronostic que ceux induits par les UV d’origine naturelle », la pratique du bronzage artificiel causerait entre 19 et 76 décès annuels. « Entre 566 et 2 288 décès peuvent être attendus dans les trente prochaines années si les expositions des Français aux cabines UV ne changent pas ». Les chercheurs notent que l’impact sanitaire de l’usage des cabines UV « est comparable à celui attribué à l’usage d’un médicament antidiabétique oral qui a été récemment retiré du marché pour ce motif (entre 500 et 2 000 décès sur 30 ans) ».
Vers une interdiction.
Dans leur éditorial, les académiciens soulignent par ailleurs la possibilité d’une dépendance « dont fait état l’étude de Mosher et coll. sur 229?étudiants ayant régulièrement recours au bronzage artificiel ». Elle montre que de 31 à 39 % des sujets inclus dans l’étude présentent des critères d’addiction au bronzage artificiel. Ainsi, Jean Civatte et Jacques Bazex estiment que « l’échec relatif de l’éducation sanitaire, face aux puissantes incitations de nos sociétés modernes à privilégier l’apparence, et la possibilité d’une dépendance psychologique aux UV, plaident pour une politique d’interdiction progressive des cabines de bronzage », telle que l’a notamment décidé le Brésil. Aujourd’hui, la réglementation française en vigueur (décret de 1997) donne un cadre technique aux contrôles des appareils de bronzage artificiel, fixe des valeurs limites d’éclairement énergétique effectif maximal délivré par les appareils et en interdit l’accès aux mineurs. Toutefois, selon le baromètre cancer 2010, 3,5 % des personnes âgées de 15 à 18 ans déclarent avoir eu recours au moins une fois dans leur vie à une séance de bronzage artificiel. Il faut aussi noter que les valeurs autorisées tolèrent un éclaircissement énergétique effectif maximal correspondant à une exposition de même durée au soleil de midi sur une plage des Caraïbes sans protection solaire. Une séance dans une cabine de bronzage en France, est « loin d’être une pratique anodine », expliquent Johanna Fite et coll. dans le « BEH » qui rappellent que, à ce niveau d’intensité, l’OMS recommande des mesures de protection. Enfin, parmi les 18 092 appareils recensés en 2010, 15 539 étaient déclarés en préfecture et 2 553 ne l’étaient pas (l’absence de renouvellement des contrôles techniques tous les deux ans est également souvent observée). « Si certains pays n’ont pas de réglementation spécifique relative à la mise à disposition du public des appareils de bronzage artificiel (Pays-Bas, Belgique), d’autres ont au contraire des réglementations plus contraignantes que la France », souligne l’équipe de Johanna Fite (Agence de sécurité sanitaire de l’environnement, ANSES). En attendant un changement éventuel de réglementation, il semble nécessaire de lutter contre les idées reçues. Non, les séances d’UV artificiels ne préparent pas la peau au soleil et n’ont pas d’effet protecteur prouvé sur certains cancers non cutanés. En revanche, elles ont aussi pour conséquence d’accélérer l’apparition de signes de vieillissement
cutané.
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