LA CHAIR de poule, des fourmillements, des frissons qui partent du crâne et descendent le long de la colonne vertébrale, pour les uns. Et pour les autres, rien. Comment la musique peut-elle créer des émotions aussi divergentes entre les individus ? La réponse est à chercher du côté de la psychologie, de la personnalité suggèrent Emily C. Nusbaum et Paul J. Silvia (Greensboro, Caroline du Nord). Pour identifier le ou les traits de caractère mis en cause, ils ont eu recours à des questionnaires. Ici pas de séances d’écoute religieuse de musique à la recherche de frémissements chez les participants. Non juste des questionnaires, plutôt fouillés, proposés à 196 volontaires recrutés dans l’université locale. Le dépouillement des réponses permet d’établir un lien entre les vibrations musicales et un trait de caractère particulier : l’ouverture d’esprit.
Deux grands déclencheurs.
Les deux auteurs n’ont pas cherché à définir ce qui crée l’émotion musicale. Ce fait est déjà connu. Des études antérieures ont constaté deux grands déclencheurs. D’un côté, on relève les changements d’énergie sonore, comme l’augmentation brutale de volume ; l’entrée de nouveaux instruments ; un élargissement du spectre sonore. D’un autre côté, la surprise, des harmonies inattendues. Les frissons sont alors corrélés, au plan physiologique, à une augmentation de la conductance cutanée et de la fréquence cardiaque.
Comme les chercheurs se dirigeaient vers une cause liée à la personnalité, les questionnaires ont également couvert ce domaine. Ils n’ont pas négligé pour autant les orientations vers les styles musicaux et se sont aussi penchés sur la place de la musique dans la vie des participants.
L’ensemble du questionnaire portait sur ce que provoque l’écoute : frissons dans le dos ? Chair de poule ? Cheveux qui se dressent sur la tête ? La personnalité était déterminée selon 3 échelles s’intéressant à ses cinq grands domaines. Les préférences musicales étaient établies selon 14 genres, répartis en 4 sous-groupes : introspective et complexe (classique, jazz, blues…) ; intense et rebelle (rock, heavy metal…) ; optimiste et conventionnelle (country, religieuse, pop…) ; énergétique et rythmée (rap, hip-hop…). Enfin, l’intérêt pour la musique était fondé sur les connaissances musicales, la pratique d’un instrument, les durées d’écoute quotidienne, l’utilisation d’un baladeur.
Musique « introspective et complexe ».
En croisant les multiples données enregistrées, plusieurs explications pouvaient lier l’ouverture d’esprit et les frissons musicaux. Les auteurs s’attendaient à voir émerger la musique d’architecture compliquée comme déclencheur de frémissements. À leur grande surprise, c’est celle dite introspective et complexe qui crée l’émotion. À l’inverse, les goûts musicaux influent très peu sur l’apparition des vibrations.
Les sujets ouverts d’esprit montrent davantage de connaissances artistiques. Chez eux se trouvent ceux qui attribuent à la musique un rôle primordial dans leur vie, en écoutent plusieurs heures par jour et pratiquent un instrument. Les auteurs ont été surpris de découvrir que l’amour de la musique explique davantage le rôle de la personnalité sur les frissons que les orientations musicales. « Il est clair que l’investissement était le facteur le plus important », relèvent-ils.
Cette place de la personnalité rejoint ce que d’autres études avaient mis en évidence sur la variabilité de l’émotion musicale et de son mode d’expression. Notamment, l’ouverture d’esprit a été également impliquée dans l’intérêt, le plaisir et l’émotion artistiques.
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