8 JUILLET 1994, clinique de Cannes, la Bocca. La nuit est tombée mais les deux nourrissons endormis côte à côte sont éclairés comme en plein jour. Pourquoi ? Parce que, faute de place, Manon et Mathilde souffrant de l’ictère du nouveau-né, ont été placées sous des lampes à UV dans le même berceau. Dans la précipitation, on a oublié de les doter de bracelets d’identification. Tous les éléments du drame qui se joue sont en place. Proximité forcée de bébés de deux familles distinctes, anonymat et effectif réduit du personnel de nuit… C’est la nuit de l’erreur. Au matin du 9 juillet, l’inversion de Manon et Mathilde a lieu. Les mamans font part de leurs doutes. On les rassure. Pendant des années, Manon et Mathilde sont élevées normalement. Ou presque, car les parents de Manon doivent supporter les ragots qui, dans leur petit village, stigmatisent le peu de ressemblance entre la fille et son père.
2004. Dix ans ont passé jusqu’au test d’ADN fatal. Les résultats sont sans appel : Manon n’a de lien biologique ni avec sa mère, ni avec son père. Les parents déposent plainte pour substitution d’enfant, la famille de Mathilde est identifiée. L’enquête qui s’en suit confirme qu’il y a bien eu échange des nourrissons dans la nuit du 8 au 9 juillet. Mais, en l’absence d’infraction pénale (les bébés n’ont pas été intervertis délibérément), l’enquête est classée sans suite. Depuis 2010, les deux familles poursuivent cependant leur combat judiciaire pour obtenir réparation auprès de la clinique - qui reconnaît d’ailleurs sa responsabilité et la réalité de l’erreur. Mais aucune des deux familles n’a seulement évoqué la possibilité d’un retour en arrière qui verrait la restitution des enfants à leurs parents biologiques. Pour le Code civil, la chose est entendue. Dans une telle situation, si un père ou une mère a élevé pendant au moins cinq ans son enfant, sa filiation ne peut plus être contestée par quiconque. Quoi qu’il en soit, Manon et sa mère le clament aujourd’hui haut et fort : « Nous n’avons jamais été aussi proches que depuis que nous savons. » Au-delà des textes, voilà qui confirme que la loi des gènes s’efface le plus souvent devant la puissance des liens tissés par l’éducation et l’amour.
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Françoise Amouroux
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