PROVOCATEUR. Probablement le qualificatif le plus modéré pour décrire un commentaire adressé au « Lancet », par deux médecins australiens, Kara Britt et Roger Short. Ils suggèrent tout simplement de proposer des contraceptifs oraux aux religieuses… mais avec une arrière-pensée sans équivoque : les protéger des cancers de l’utérus et des ovaires.
Au-delà de l’argumentation médicale (détaillée plus loin), ils en appellent à l’encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI, en 1968. Ce document condamne toute forme de contraception, autre que l’abstinence. Il admet toutefois l’utilisation de tout moyen thérapeutique nécessaire à traiter une affection, même s’il possède une action contraceptive. C’est sur ce dernier point qu’insistent les deux Australiens. Ce ne serait que justice de préserver ces femmes dévouées du « fléau maudit », selon la dénomination du XVIIIe siècle.
Sur quels éléments se fonde l’argumentation des chercheurs ? Ils sont essentiellement d’ordre épidémiologique. Entre 1900 et 1954, une étude menée chez des religieuses américaines montrait un surrisque de décès par cancer du sein, des ovaires ou de l’utérus. En 1970, une autre enquête faisait un lien formel entre la parité et la moindre incidence de cancers du sein. Relation d’autant plus marquée que la première maternité était survenue tôt, que les enfants étaient nombreux et qu’ils avaient été allaités.
L’explication se fonde sur un risque directement associé au nombre de cycles ovulatoires. Ainsi, des femmes réglées avant 12 ans déclarent davantage de cancers du sein que celles dont les premières règles sont survenues après 15 ans. Chronologie inversée avec la ménopause, où le risque augmente de 17 % tous les cinq ans au-delà de l’âge moyen. Enfin, une ovariectomie bilatérale avant 40 ans réduit l’incidence du cancer mammaire de 45 %. Des données similaires sont constatées en ce qui concerne les ovaires et l’utérus.
Sans aller au-delà dans l’argumentaire, il devient clair que réduire le nombre de cycles ovulatoires, par la pilule dans ce cas, abaisse le risque de cancers gynécologiques.
Les auteurs pourtant poursuivent avec les aspects positifs de la contraception orale. Deux grandes études épidémiologiques ont été publiées évoquant les conséquences de la prise de contraceptifs oraux sur la santé. Elles sont parvenues à trois conclusions. Tout d’abord, il existe une diminution significative de la mortalité globale chez les utilisatrices, chiffrée à 12 % par rapport aux non-utilisatrices. Ensuite, l’incidence des cancers mammaires est stable. Enfin, le risque de cancers des ovaires et de l’utérus est réduit de 50 à 60 %. La protection, qui plus est, persiste pendant vingt ans.
En autorisant les religieuses à utiliser à leur gré la pilule, l’Église offrirait à ces femmes, qui ont fait vœu de célibat et mènent une vie spirituelle, le recours à un traitement préventif des cancers de l’ovaire et de l’utérus. La contraception représentant, dans ce cas, un effet secondaire tolérable aux termes de Humanae Vitae.
Chacun appréciera la résolution de ce dilemme selon ses convictions.
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