Une conférence lors du forum de la recherche en cancérologie, organisé par le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes a conclu à la nécessité d’une prise en charge précoce de la cachexie en cancérologie.
La cachexie chez un patient avec un cancer se définit comme un syndrome métabolique associé à une dénutrition. Elle correspond à la dégradation profonde de l’état général, souvent accompagnée d’une maigreur importante. Elle se caractérise par une perte continue de la masse musculaire squelettique (avec ou sans perte de masse grasse) qui est irréversible avec un apport nutritionnel classique.
« Une grande partie des patients qui ont un cancer sont dénutris, souligne le Dr Pierre-Jean Souquet, onco-pneumologue au Centre Hospitalier Lyon Sud. Ce qui ne les empêche pas forcément d’avoir une surcharge pondérale en même temps ». Chez des patients ayant un cancer du poumon par exemple, seuls 26,5 % d’entre eux n’avaient pas de cachexie et tous les autres avaient un état de pré-cachexie ou une cachexie véritable.
Pour apprécier la dénutrition, les critères reposent sur l’indice de masse corporelle (IMC) et sur une diminution du poids du patient dans les mois précédant le diagnostic. Il est aussi possible d’utiliser des marqueurs biologiques comme la diminution de l’albumine, de la transferrine et de la préalbumine sérique. Pour le Dr Souquet, le premier réflexe du médecin doit être de peser le patient, puis de l’interroger sur son alimentation et l’évolution de celle-ci, sur ses habitudes alimentaires, sur ses conditions de vie, ses liens familiaux, son isolement, ainsi que sur d’éventuels régimes d’exclusion.
Les carences causées par la cachexie peuvent affaiblir le système immunitaire, ralentir la cicatrisation des tissus et entraîner une perte de force avec une diminution de la masse musculaire. Elles peuvent également augmenter la morbidité opératoire, le risque de maladies nosocomiales et la toxicité de la chimiothérapie. La cachexie est corrélée à une diminution de l’espérance de vie et serait la cause du décès de plus de 30 % des patients cancéreux.
La dénutrition dans le cancer est causée par différents facteurs. « On observe une modification du goût et de l’odorat sous chimiothérapie à base de sels de platine. Par ailleurs, pendant le traitement, le patient peut souffrir de nausées, vomissements et diarrhées liées à la chimiothérapie. Il peut aussi rencontrer des difficultés alimentaires mécaniques, par exemple dans les cancers ORL, de l’œsophage ou digestifs. Il peut aussi subir des évènements secondaires associés à d’autres médications associées, ou encore souffrir de mucite ou d’une œsophagite par exemple », détaille le Dr Souquet.
Impact sur la qualité de vie
Pour les patients hyper-sensibles aux odeurs, il est recommandé de manger dans le salon et non dans la cuisine, d’éviter les aliments odorants et de ne pas faire réchauffer les plats au micro-ondes.
« Pour les patients avec une perte de goût ou de l’odorat, il faut relever les plats avec des épices et des herbes et fractionner les repas ». Ces désagréments peuvent avoir des conséquences importantes sur les activités sociales et la qualité de vie. « Les patients ne prennent plus leurs repas en commun, cela provoque des conflits familiaux, ils arrêtent d’aller au restaurant ou ne répondent plus aux invitations familiales ».
Des manœuvres correctrices sont néanmoins possibles : « il faut favoriser les prises alimentaires en famille ou en groupe et prodiguer une éducation nutritionnelle et des conseils aussi à la famille. Il faut également faire attention aux régimes préconisés par les amis : sans protéines, sans sucres, sans produits laitiers, etc. et rappeler que le jeûne prolongé peut être dangereux », détaille le Dr Souquet.
Actuellement, aucun traitement contre la cachexie n’a fait ses preuves. Il est néanmoins recommandé d’augmenter la densité énergétique du bol alimentaire à volume constant avec une alimentation enrichie par voie orale, ou, si ce n’est pas possible, par nutrition entérale ou parentérale.
En revanche, une supplémentation en vitamines et antioxydants n’est pas recommandée. « En cas de dénutrition, il faut rapidement demander l’avis d’une diététicienne, vérifier la perte de poids et réagir rapidement aux modifications alimentaires contraintes. Il faut également réfléchir à l’alimentation du patient pendant l’hospitalisation. Dans ce cadre, des mesures comme un service à l’assiette et des couverts colorés peuvent favoriser une bonne prise alimentaire », estime le Dr Souquet.
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