Faut-il dépénaliser, voire légaliser le cannabis ? Le débat n’est pas nouveau et intéresse de près les officinaux. D’ici peu, ils pourraient être amenés à dispenser la première spécialité à base de cannabis (Sativex) autorisée dans l’Hexagone. Et pourquoi pas un jour de la marijuana à des fins thérapeutiques ou en vue d’un usage récréatif, comme cela se fait déjà dans certains pays.
Les pharmaciens sont-ils prêts à le faire ? Selon un sondage* réalisé sur notre site lequotidiendupharmacien.fr, 46,3 % des internautes ayant participé au vote (201 réponses) se disent favorables à la vente du stupéfiant à l’officine.
Pour Bruno, cela permettrait de casser le marché des individus qui troublent la vie des quartiers. Mais aussi de sauver des vies. Car selon lui, il s’agit « de ne plus voir des jeunes, que j’ai vu grandir et qui ont acheté des saloperies, se retrouver avec des dégâts irréparables à 20 ans (dialyse, troubles neuro-moteurs), et des familles détruites, pendant que les revendeurs nous narguent », témoigne-t-il.
« Il faut continuer à assurer la garde et la distribution des drogues, estime pour sa part Guy. C’est notre unique raison d’exister. Sans remplir notre fonction première, nous sommes facultatifs. » « C’est une bonne idée, pense également Christophe, mais qui pourrait avoir son revers » en termes de braquage et d’image.
Ludovic considère, lui, que la sécurité ne peut être un argument pour refuser la dispensation du cannabis. « Légiférer et autoriser permet d’encadrer, tandis que réprimander laisse l’économie souterraine vivre », argumente-t-il. Pour lui, l’assurance-maladie pourrait, pourquoi pas, prendre en charge ces substances sous certaines conditions.
Un rôle délicat.
« Le personnel a déjà assez de problèmes avec les emmerdeurs qui n’ont pas fumé, et ils sont nombreux, alors si on fait venir les défoncés au psychisme altéré (sans parler des braqueurs) on va donner dans le risque psycho-social intense avec la Sécu, les assurances et les instances du travail aux basques ! » lance le Dr Gnon, qui doit sans doute faire partie des 53,7 % qui ont répondu « non » à notre enquête.
Pour lui, si l’on veut vraiment arrêter le trafic, il faut que le prix de vente soit bas. Le mieux, à ses yeux, est donc de proposer le cannabis sur le Net, chez les buralistes, ou les pâtisseries (« en cake, c’est mieux que fumé »), voire en GMS. « En officine, ça améliorerait notre réputation d’empoisonneur en cas de drame », craint-il.
« Si j’ai bien suivi le raisonnement de certains, on peut délivrer des médicaments à base de morphine (qui n’intéressent pas du tout les toxicos et les braqueurs contrairement à ceux à base de cannabis bien sûr…), mais pas ceux à base de cannabis car trop dangereux », ironise Marc L. « Il faut arrêter avec l’hypocrisie et les préjugés, insiste pour sa part Marc N. Il faut arrêter de penser que les consommateurs de cannabis sont tous des marginaux schizophrènes ou des racailles de banlieues. Ouvrez les yeux ! La majorité, c’est Monsieur Tout le monde : c’est votre boulanger, votre coiffeur, l’instit de vos enfants, le policier qui vous verbalise, votre médecin, votre avocat, votre banquier ! »
Pour lui, on ne pourra jamais empêcher la consommation de cannabis et la légalisation s’impose : « Ça permettra à l’État d’augmenter ses recettes fiscales et aux consommateurs d’avoir des produits de qualité, contrôlés selon des normes bien établies. Et dans ce cadre, il apparaît évident que la pharmacie est le lieu qui offre le plus de sécurité pour la dispensation du cannabis. »
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